The Doors, Val Kilmer dans la peau de Jim Morrison

Depuis quelques années maintenant, le biopic musical s’est largement démocratisé pour devenir l’une des valeurs sûres pour les producteurs au box-office. En effet, quoi de mieux qu’une star de la musique pour rameuter en masse les fans dans les salles ? Un constat qui s’est prouvé récemment avec BOHEMIAN RHAPSODY qui a cumulé 950 millions de dollars de recettes tout en remettant le groupe Queen sur le devant de la scène.

Une figure forte

En 1991, le réalisateur Oliver Stone s’occupe de relater la vie d’un des groupes de rock les plus populaires à la fin des 60s : les Doors. Issu de la Californie, il a pour leader Jim Morrison qui a connu un drôle de destin avec sa mort prématurée à 27 ans dans de troubles circonstances. Homme de mots et provocateur revendiqué, il fut également intellectuellement engagé, luttant notamment contre la guerre du Vietnam. Un parcours qui fascine Stone, lequel va rapidement s’attirer les foudres des fans du chanteur qui lui vouent un véritable culte.

THE DOORS fut un véritable parcours du combattant à monter. Il a fallu plus de dix ans avant d’obtenir les droits des musiques avec, toutefois, la désapprobation absolue de l’organiste Ray Manzarek qui détestait le scénario du film. Mais pour Oliver Stone, faire un film sur ce groupe, c’est un peu le défi d’une vie. Le bonhomme le découvre à 21 ans, lui qui est en plein enfer dans la jungle vietnamienne. Il découvre ce jeune Jim Morrison qui a refusé l’autorité de son père (amiral de la Marine américaine) pour chanter et élever la voix de tous ces jeunes qui se sacrifient pour servir des enjeux politiques. En 1968, lorsque Stone rentre au pays, il veut faire son film sur les Doors… qui ne sortira que 23 ans plus tard. Le décor est planté : THE DOORS n’est pas un film de studio, mais bel et bien un projet personnel.

Un défi réussi

Certes, le phénomène fut rapide et fugace : le groupe sort son premier disque le 4 janvier 1967 et Jim Morrison décède le 3 juillet 1971. Ce qui n’empêche pas pour autant la nouvelle génération d’être marquée au fer rouge par ces jeunes hommes frondeurs et proche de tous ces jeunes perdus face au nouveau monde. Pour écrire son script, Stone ressent une certaine pression, lui qui vient d’achever son magnifique NÉ UN 4 JUILLET. Pour se faire, il se penche sur le livre du journaliste Jerry Hopkins intitulé

PERSONNE NE SORTIRA D’ICI VIVANT. Ainsi que le témoignage de plus d’une centaine de personnes l’ayant côtoyé. Stone réalise un travail de recherches dingue pour coller au plus près de la réalité et ne pas faire de son biopic un film hagiographique.

Et ce sera le cas. Le cinéaste ne réécrit pas l’histoire et expose toutes les facettes de Morrison. Il est montré dans toute sa noirceur, comme l’être narcissique, égocentrique et autodestructeur qu’il était. Stone rassemble des tas d’anecdotes bouillantes comme celle où le chanteur a décidé d’enfermer sa petite amie dans un placard en y mettant le feu ! Pour l’incarner, la vedette Val Kilmer est choisie. Devenue une star depuis TOP GUN, l’acteur va enflammer littéralement le film avec un déhanché spectaculaire et une performance vocale imposante. Toute l’animalité de Morrison se retrouve dans le jeu de Kilmer qui livre ici l’une de ses prestations les plus grandioses de sa carrière. Il est bien aidé par une ambiance visuelle particulièrement éclatante, dirigée par Robert Richardson, le futur directeur photo de Quentin Tarantino. Sans oublier les scènes de concerts, toutes plus folles les unes que les autres.

Anti-grand public, débridé, provocateur et frondeur, THE DOORS sera mal reçu à l’époque de sa sortie et fut un véritable bide dans les salles avec 34 millions de dollars de recettes (pour 38 millions de budget). Ce n’est qu’avec le temps que le film a trouvé la place qu’il méritait, en étant considéré à juste-titre comme l’un des meilleurs biopics jamais réalisés.

Laisser un commentaire