La Planète des Singes, l’histoire d’une fin légendaire

« Si la dimension sociale de ce film ressort aussi bien que son aspect aventureux, peut-être alors que LA PLANETE DES SINGES retiendra-t-elle l’attention ». Ces lots sont l’oeuvre de Charlton Heston, issus du carnet de bord qu’il tenait sur le tournage du film réalisé par Franklin J.Schaffner en 1967 (pour une sortie en 1968). Certes, la réussite du long-métrage est totale, mais ce dernier est aussi entré dans la légende grâce à sa fin absolument terrassante.

Une fin différente du roman

Les discussions autour de l’épilogue sont nombreuses lors du tournage de LA PLANETE DES SINGES. Impulsé par l’enthousiasme du producteur Arthur Jacobs, cette production entre dans sa phase terminale. Le patron de la FOX, Darryl F.Zanuck, avait fini par céder devant l’insistance de Jacobs tout en délimitant férocement le budget. Produit pour 5 millions de dollars, LA PLANETE DES SINGES a donc des chances d’entrer dans ses frais (et de ne pas ruiner le studio). D’autant que la présence de Heston rassure.

Mais on en revient à cette fin que Zanuck ne voyait pas forcément d’un bon oeil. « On ne fait pas un film politique, c’est simplement un film d’aventure » a-t-il déclaré à l’époque. Sauf que l’ultime séquence démontre tout l’inverse. Tout comme les mots du producteur associé Mort Abrahams. « Sans se l’avouer, nous faisions un film politique. Et c’est la dernière qu’un studio veut ! ». C’est là que le final prend tout son sens. Dans le livre de Pierre Boulle, voici comment tout se termine : Le personnage principal, appelé Ulysse, parvient à quitter la planète des singes avec sa femme Nova et leur fils Sirius. En retournant sur Terre 700 ans après son départ et en atterrissant à Paris, il a la surprise d’être accueilli par un gorille. La Terre a donc elle aussi été dominée par les singes. Une fin que reprendra Tim Burton dans sa version en 2001. Mais en 1968, une autre direction est prise.

Une préparation minutieuse

Réalisée à Point Dume entre le 3 et le 10 août 1967, cette séquence finale est méticuleusement préparée. Si l’unique plan général de la statues une peinture d’Emil Kosa, responsable des caches la FOX, il a fallu pour les gros plans reconstituer la couronne et la torche de la statue. Sans autre bruit que celui des vagues, son apparition laisse le spectateur pantois. « Ce travelling semi-circulaire à contre-jour qui révèle en plongée Charlton Heston et Linda Harrison reste l’une des inventions stylistiques les plus heureuses de Schaffner » écrira le cinéaste Bertrand Tavernier. Cette conclusion est d’un fatalisme prégnant avec ces mots terrifiants de Heston qui nous sert un monologue d’anthologie avec de nombreuses injures à la clé. La star a même peur que son discours ne passent pas le cap de la censure…

Devant les retours enthousiastes de cette fin, la FOX capitule et LA PLANETE DES SINGES sortira comme tel dans les salles. Au total, il amassera 32 millions de dollars et lancer l’une des franchises les plus populaires du grand écran.

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