Napoleon, le grand film de Stanley Kubrick jamais réalisé

En avril 1968, peu de temps après la sortie de 2001 : L’ODYSSEE DE L’ESPACE, Stanley Kubrick se lance en dans un projet de grande envergure : raconter la vie de Napoléon.

Une grande reconstitution

Evidemment, il ne veut pas faire un projet lambda. Il voit tout en grand. «La plupart des gens ne savent pas assez de choses sur lui ; et sa vie est évidemment extraordinaire. Je voulais illustrer beaucoup de détails et me servir du commentaire pour couvrir les événements principaux, plutôt que de tout représenter sous forme de

scènes dramatiques» racontera-t-il. Il a en tête de reconstituer de grandes batailles qui nécessiteraient pas moins de quarante mille fantassins et dix mille cavaliers ! Le gouvernement roumain est d’accord pour prêter son armée. Au mois de mai, il envoie son assistant Andrew Birkin à Paris, pour marcher sur les traces de Napoléon et refaire l’Histoire. Grâce à une lettre d’André Malraux, il se fait ouvrir les cabinets de l’Hôtel des Invalides et retrouve des effets personnels de l’empereur (ainsi que la baignoire de Joséphine). De son côté, Kubrick fait appel à un expert, le britannique Felix Markham afin qu’il résume toutes les biographies existantes et rassemble le plus de documents possibles. 

Des finances fragiles

Le tournage de NAPOLEON est fixé à l’hiver. La MGM s’engage sur le projet tandis que les acteurs pressentis pour le rôle-titre sont David Hemmings (BLOW UP) et Ian Holm (GREYSTOKE). Malheureusement la firme au lion traverse une crise financière importante et s’apprête à être rachetée ce qui contraint la production à stopper net. Un premier coup d’arrêt qui n’arrête pas la motivation du cinéaste pour autant. En septembre 1969, celui-ci livre un scénario complet à la MGM, qui relate toute la vie du personnage. Après avoir vu le phénomène EASY RIDER, Stanley Kubrick pense avoir trouvé son Napoléon en la personne de Jack Nicholson et lui écrira même une lettre ! L’acteur est partant mais la soudaine mise en chantier de films consacrés à Napoléon va jouer en défaveur du projet. Deuxième coup d’arrêt.

La fin d’un rêve

Kubrick tourne alors ORANGE MECANIQUE en 1971, d’après le roman d’Anthony Burgess, et demande à ce dernier d’écrire un nouveau script. Le romancier s’exécute et nomma son histoire LA SYMPHONIE DE

Kubrick avait déjà tout prévu

NAPOLEON à la fin de l’année 71. «Conformément à sa vision révisionniste de l’empereur» écrit le biographe John Baxter, «ce Napoléon est un bureaucrate souffrant de dyspepsie qui pense davantage à sa digestion qu’aux femmes. Il fait de petits sommes, travaille vingt heures par jours, griffonne des notes à table, à l’opéra, au lit. Il lit voracement, a des problèmes d’hémorroïdes et de vessie, entre dans des colères noires». Mais la MGM, qui connaît toujours d’importants problèmes financiers, annonce qu’elle va réduire la production de film au profit de la télévision. Kubrick désespère et laisse de côté le projet sans toutefois l’abandonner complètement.

Finalement, NAPOLEON ne se fera jamais, mais le perfectionnisme légendaire du cinéaste et son besoin de tourner une épopée historique se fera avec le monstrueux BARRY LINDON. En 2023, Ridley Scott proposera sa version épique avec Joaquin Phoenix dans le rôle-titre.

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