Green book, Viggo Mortensen et Mahershala Ali prennent la route des 60s

Sans son frère Bob, Peter Farrelly s’est penché sur un scénario écrit par Nick Vallelonga qui tient pour base le NEGRO MOTORIST GREEN BOOK, un guide pour les automobilistes noirs dans les années 50-60. Histoire que ces derniers ne s’égarent pas dans des établissements auxquels ils n’ont pas accès. Un postulat incroyable mais vrai et surtout un film qui décide d’englober une universalité qui va au-delà de la question de la discrimination.

Un film humain

Jamais plombant, jamais moralisateur, mais toujours drôle et toujours très humain. Avec un équilibre proche de la perfection, Farrelly réussit un vrai miracle de cinéma, le genre d’oeuvre qui vous touche autant qu’elle vous fait rire avec son duo de comédiens absolument parfaits. En fait, chaque séquence est d’une délicatesse inouïe entre deux personnages qui sont peut-être opposés par leurs styles de vie, mais qui n’en demeurent pas moins proches par leur sensibilité. Ce serait mentir de dire que GREEN BOOK n’est pas, avant tout, un film d’acteurs puisque Viggo Mortensen est exceptionnel (je pèse mes mots) en rital affamé aussi sincère que drôlement familier (surtout dans les milieux qu’il va être appelé à côtoyer) et que Mahershala Ali confirme qu’il est bien un comédien qui compte aujourd’hui dans le paysage audiovisuel américain. 

Leur relation est en effet le coeur du film et multiplie les séquences remarquablement écrites : la première rencontre, l’incompréhension au restaurant, le passage fou du Kitchen’s, l’initiation aux lettres… On ne vous fera pas toute la liste ici, mais chaque passage est inventif et toujours dénué de manichéisme ou d’effets tire-larmes typiques de ce cinéma-là. L’émotion affleure par petites touches et ne prend jamais le pas sur la vérité de l’instant.

Une histoire du passé ancrée dans le présent

Cette vérité, c’est au scénario qu’on la doit puisqu’au-delà de la question raciale, il donne une évolution naturelle aux deux personnages principaux qui se posent comme témoin d’une société emplie de ridicule qui s’autorise à serrer la main au musicien tout en refusant l’homme de dîner à sa table. Les regards s’éternisent devant l’incompréhension tandis que les actions de chacun en disent beaucoup sur la dichotomie d’une époque pas si lointaine (plan évocateur de Don Shirley qui regarde ses acolytes du haut de son balcon). 

Avec sa BO époustouflante et sa fraîcheur stupéfiante (on a quand même rarement vu un film comme GREEN BOOK), le film de Peter Farrelly est une réussite incontestable. Le public ne s’est d’ailleurs pas trompé : 318 millions de dollars de recettes mondiales amassés ! Du côté des oscars, il a rapporté la très désirée statuette du meilleur film ainsi que celle du meilleur scénario original et une pour Mahershala Ali, distingué dans la catégorie du meilleur second rôle masculin. 

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