Sorti en 1998, THE TRUMAN SHOW pose la question de ces émissions émergentes qui s’immiscent dans la vie quotidienne de ses sujets. L’éveil de la télé-réalité et le voyeurisme de plus en plus prononcé à la télévision provoquent forcément la réaction des artistes de l’époque. Dans le même temps, Peter Weir renaît artistiquement après une longue période de disette.
La danse des réalisateurs
Lorsque le projet commence à circuler, c’est d’abord Brian de Palma qui est contacté pour le réaliser. Malheureusement, un conflit majeur s’interpose : le cinéaste ne veut pas de Jim Carrey dans le rôle principal. Il a un autre comédien en tête, un certain Tom Hanks. La production refuse et pense alors à Sam Raimi. Celui-ci rencontre même Jim Carrey pour discuter du projet. Finalement, le projet échouera dans les mains de Peter Weir qui n’a pu rien tourner depuis 1993. L’échec de son long-métrage intitulé ETAT SECOND avec Jeff Bridges le touche fortement et lui impose un certain laps de temps pour réagir.
On plonge ici dans la vie de Truman Burbank (Jim Carrey), un agent d’assurances, marié à Meryl (Laura Linney), qui est infirmière. Ils vivent paisiblement dans la cité paradisiaque de Seahaven remplie de gens sympathiques, de maisons identiques et de jardins bien entretenus. Truman a néanmoins envie de
voyager à l’étranger, de découvrir de nouvelles choses et, surtout, de retrouver une femme, Sylvia (Nastascha McElhone), dont le regard l’a envoûté dans sa jeunesse. Cependant, tout semble contraindre Truman à rester dans la ville. Sans le savoir, il est en effet le héros d’une émission de télé-réalité qui le suit depuis sa naissance.
Un scénario renversant
THE TRUMAN SHOW est marquant de par son scénario, mais également par la volonté de Jim Carrey d’endosser un rôle dramatique, une première dans sa carrière. Comique émérite et reconnu, il plonge dans la psychologie d’un personnage à première vue naïf, qui nous est rapidement attachant. Peter Weir a d’ailleurs l’habitude de diriger un acteur comique vers un rôle plus sérieux : en effet, c’est lui qui offrit l’un des plus beaux rôles de sa carrière à Robin Williams dans LE CERCLE DES POETES DISPARUS. Le résultat est saisissant et changera radicalement la carrière de Carrey. Pour beaucoup de spectateurs, Truman Burbank est un peu la représentation de chacun et appuie cette idée que la vie n’est qu’une gigantesque mise en scène. Le propos du film se tient aussi ici, de manière plus globale.
Lors de sa sortie durant l’été 1998, THE TRUMAN SHOW remporte un franc succès en amassant 248,4 millions de dollars de recettes mondiales. Depuis deux décennies, son aura n’a jamais faibli et s’est même renforcée par rapport à notre contexte actuel. L’édition récente du festival de Cannes lui a d’ailleurs rendu un vibrant hommage en mai dernier avec son affiche officielle.
