Un plan simple, le polar palpitant de Sam Raimi

Sam Raimi a connu une carrière riche qui fut régulièrement (et injustement) résumée à ses deux trilogies phare : EVIL DEAD et SPIDER-MAN. Or, il nous a gratifié de quelques autres oeuvres réussies dont fait partie UN PLAN SIMPLE, polar / thriller que n’aurait pas renié les frères Coen.

Une histoire désirée

L’histoire de production du film est une aventure en soi. Tout part d’un livre écrit par Scott B.Smith qui a fait l’objet de nombreuses convoitises. Durant un long moment, Ben Stiller a travaillé sur le projet, succédant ainsi à Mike Nichols qui a préféré jeter l’éponge. Durant neuf mois, Stiller bosse d’arrache-pied sur le script et choisit même Nicolas Cage pour incarner le rôle principal. Ce dernier restera sur la production malgré le départ de Stiller qui ne s’entend pas avec la boîte de production SAVOY PICTURES. À ce moment là, aucun studio n’est encore attaché au projet.

Quelques années plus tard, la Paramount reprend les rênes et place John Boorman à la barre ! Le réalisateur de DELIVRANCE voit malheureusement le projet une nouvelle fois retardé à cause du retrait d’un producteur et le refus du studio de financer intégralement les 17 millions de budget. Boorman va donc voir ailleurs et Sam Raimi arrive alors, obligé de reprendre les idées globales de son prédécesseur au vu du peu de temps qui lui reste pour préparer le long-métrage. Le réalisateur conserve ainsi le casting (dont le duo Billy Bob Thornton et Bill Paxton) puis se lance dans une production somme toute assez dense.

Sam Raimi en toute sobriété

Par une froide après-midi du jour de l’an, Hank Mitchell (Paxton), son frere aîné, Jacob (Thornton), âme simple sur laquelle il a une grande influence et Lou (Brent Briscoe), le copain de Jacob, découvrent dans l’épave d’un avion de tourisme recouvert par la neige le cadavre du pilote et un sac contenant quatre millions de dollars. Pour Jacob et Lou, tous deux au chômage, c’est une manne que leur envoie le ciel.

Mais pour Hank, dont la femme aimée attend leur premier enfant, le rêve américain ne se vole pas. Après une longue discussion, ils décident de garder l’argent et mettent sur pied un plan simple. Un canevas magnifique qui permet à Raimi toutes les thématiques de son cinéma tout en offrant un terrain de jeu parfait à ses interprètes qui s’en donnent à coeur joie. Son perfectionnisme se lie à merveille à un script dense qui passe par toutes les émotions.

L’affiliation d’UN PLAN SIMPLE avec l’autre grand polar enneigé FARGO est peut-être présente (Raimi demandera notamment des conseils aux Coen concernant la conception d’une scène dans la neige), mais elle ne l’est pas forcément dans la caractérisation de ses personnages. Pas d’ironie chère aux deux frères ici, mais au contraire une empathie réelle de la part de Raimi qui nous attache profondément à eux. Tout est contenu là, dans l’évolution progressive des frères Mitchell qui devient finalement l’enjeu principal du récit. Jamais à court d’idées quand il s’agit d’élaborer quelques trouvailles visuelles, Raimi reste très sobre ici et dédie entièrement sa mise en scène à ses protagonistes. En résulte une oeuvre à part et magnifique qui prouve que le cinéaste est à l’aise dans tous les domaines.

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