Il était une fois la révolution, Sergio Leone part au Mexique

C’est un peu l’histoire d’un opus coincé entre deux prestigieux monuments. IL ETAIT UNE FOIS LA REVOLUTION ne possède ni la puissance visuelle de IL ETAIT UNE FOIS DANS L’OUEST, ni l’aura tragique et élégiaque de IL ETAIT UNE FOIS EN AMERIQUE.

Pourtant, ce deuxième opus d’une trilogie thématique né démérite pas, loin de là. Mexique, 1913. Un pilleur de diligences, Juan Miranda (Rod Steiger), et un Irlandais, ancien membre de l’IRA spécialiste en explosifs, John Mallory (James Coburn), font connaissance. Juan a toujours rêvé de dévaliser la banque centrale de Mesa Verde et voit en John le complice idéal pour son braquage. Il fait chanter John afin de le persuader de s’associer à l’affaire.
Tous deux se trouvent plongés en plein coeur de la tourmente de la révolution mexicaine, et Mesa Verde se révèle plus riche en prisonniers politiques qu’en lingots d’or. Malgré eux, les deux amis deviennent les héros d’une guerre qui n’est pas la leur..

Sergio Leone filme ici son dernier western et déclarera : « Je voulais mettre à mort le western traditionnel et le western que j’avais inventé.« . Une phrase qui prend tout son sens avec IL ETAIT LA REVOLUTION. Voilà un film déstabilisant pour qui l’a vu à l’époque de sa sortie en 1972. On trouve ici des allusions

fortes aux idéologies néfastes de la Seconde Guerre Mondiale comme le fascisme. On peut voir aussi dans les scènes de charniers des références appuyées aux camps de la Mort. Leone ne réalise pas ici le western ultime, non, il veut en finir avec le genre qu’il a lui-même sublimé quelques années plus tôt. La partition absolument parfaite d’Ennio Morricone s’inscrit dans cette déstructuration thématique : avec son orchestration magistrale et une expérimentation musicale renversante, le compositeur signe ici l’une de ses plus belles compositions.

IL ETAIT UNE FOIS LA REVOLUTION est un film plus politique et plus pessimiste qui paraît avoir peu d’estime pour l’humanité. Comme le symbole de l’oeuvre qu’il est en train de tourner, Leone ne sera pas tendre sur le plateau, insultant notamment l’acteur Rod Steiger qui l’agaça profondément. Désarçonné par cette histoire violente et pointant visiblement les travers des différents dogmes alors mis en place, le film connaîtra de nombreux remontages selon le pays qui le diffuse. En France, 4 723 338 tickets seront tout de même vendus, ce qui démontre l’intérêt du public pour l’oeuvre du cinéaste (après les 14,8 millions d’entrées du précédent). Loin d’être l’opus « oubliable », LA REVOLUTION s’inscrit parfaitement avec les deux autres mastodontes en démontrant tout le talent et le perfectionnisme de Sergio Leone qui aura constamment déjoué les attentes en réalisant les films qu’il voulait sans obligatoirement faire ce qu’on attendait de lui.

Laisser un commentaire