Blackkklansman, le film qui a relancé Spike Lee

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En mélangeant des genres, en s’essayant autant à la comédie policière qu’au brûlot politique, Spike Lee est revenu sur le devant de la scène grâce à ce BLACKKKLANSMAN qui a cartonné dans les salles (avec plus de 92 millions de dollars de recettes pour 15 millions). Un ensemble hors des clous qui ressemble à son auteur tout en se détachant foncièrement de son style habituel pour atteindre un plus grand public (ce qu’il a réussi).

Avec son histoire complètement folle de ce policier noir en infiltration chez le Ku Klux Klan (en collaboration avec son collègue blanc), Spike Lee ne lésine pas sur les effets de montage et dote son film d’un emballement pop qui contraste avec le thriller sérieux qu’on aurait pu attendre. L’humour ne jaillit pas de situations préparées, mais du contexte global si bien que les rires s’avèrent plus nerveux que joyeux. Ce sont les idioties des suprémacistes qui transforment le ton du film, des idioties débitées avec un sérieux à toute épreuve. La haine et la bêtise sont fusionnées pour quelques séquences franchement fracassantes : ces réunions de « l’organisation » sont le théâtre de stratégies offensives plus ridicules les unes que les autres. Mais le ridicule peut aussi être dangereux.

Et ça, le cinéaste ne l’oublie pas. Aidé par un super casting (John David Washington, Adam Driver, Topher Grace, tous bons dans leurs registres), il assène de violents coups à une société décidée à rester sur ses propres conventions en se réfugiant dans la peur pour combattre un ennemi imaginaire. Souvent rattrapé par ses envies de brûlot ultime, il freine néanmoins son intrigue et son aspect vindicatif pour s’exposer à un assemblage disparate qui ne prend jamais totalement. BLACKKKLANSMAN n’est ni fun, ni dramatique, il pioche un peu dans les deux tons tout en rajoutant des lignes de dialogues lourdes de sens entrecoupées de musiques montées de manière hasardeuse. Une problématique qui se ressent dans un rythme un poil pépère où la mise en scène n’a pas toujours la bonne énergie. 

Malgré tout, les idées ne manquent pas (un montage alterné entre discours white power et discours black power entamé par le grand Harry Belafonte, des visages dans la pénombre captivés par les envolées d’un leader) et la fin fait froid dans le dos, achevant BLACKKKLANSMAN d’être un film important et fougueux. 

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