Titanic, l’avènement d’une star

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Cette histoire démarre par un souvenir de l’agent Rick Yorn lorsqu’il proposa le scénario du film de James Cameron à Leonardo DiCaprio. « Il s’est moqué de moi et il m’a répondu « pas question ». Il s’est montré très difficile à convaincre. » Au moment de la signature du contrat pour ROMEO + JULIETTE, l’agent, qui n’avait aucune garantie de succès avec le film de Baz Luhrmann, s’était tenu à mettre son client sur un gros coup pour assurer l’avenir. Lorsqu’il reçut le scénario de TITANIC, il s’est dit que c’était le bon coup.

Hésitations

Pourtant, le film de James Cameron, qui se construit sur l’astuce de son cinéaste, n’est pas du tout considéré comme un futur succès en puissance. Leo n’est pas emballé par le personnage de Jack Dawson qu’il trouve moins intéressant à interpréter que ses précédents rôles, qui étaient, eux, plus tortueux donc plus passionnants. Il se montra plus curieux lorsqu’il a su que Kate Winslet avait été choisie. En réalité, l’actrice a fait le forcing auprès du cinéaste et lui a prouvé que c’était elle la Rose du scénario et personne d’autre. DiCaprio déclara. « J’avais des a priori parce que je ne suis pas emballé par les films à gros budget. C’est seulement après avoir rencontré James et Kate que j’ai accepté« . Le tournage, sera, lui, plus difficile, notamment à cause du contrôle total voulu par Cameron et d’une production très anxieuse de voir les millions défiler. 

Un tournage épique

Les prises de vues commencèrent avec les séquences contemporaines, puis débuta à l’intérieur du Titanic avec la scène la plus délicate à filmer, celle du dessin. Un premier jour de tournage éprouvant pour Kate Winslet, qui devait se retrouver nue devant toute l’équipe entière ! James Cameron n’a pas eu d’autres choix que de mettre en boîte cette séquence assez rapidement puisque le plateau principal possédait encore des décors inachevés. Malgré

tout, l’actrice aborda ce moment délicat avec un grand professionnalisme. Elle était nerveuse, mais cela colle parfaitement avec l’instant de cette scène très belle et érotique. Cameron s’estima chanceux : « Ce n’était pas du tout intentionnel, mais je n’aurais pas pu rêver mieux. Il y avait de la nervosité, de l’énergie et une tension qui circulaient entre eux.« . D’abord réticent par rapport à Jack Dawson, DiCaprio s’imprègne de l’ambiance et de son personnage. « Ce que j’ai adoré avec le personnage de Jack, c’était son côté artiste. Il mène la vie de bohème. Un autre atout du film c’est que James est à la fois scénariste et réalisateur, il a fait très attention à l’histoire entre Jack et Rose. Il savait que, en dépit de tous les effets spéciaux, si le public ne s’identifiait pas à ces deux personnages, cela se limiterait à un beau spectacle.« . Et c’est tout à fait ce qui arriva. 

Durant ce tournage éprouvant (dont Leo sortira lessivé et à bout de force), TITANIC ne suscitait aucun commentaire élogieux dans la presse. Des rumeurs persistantes inondaient les journaux : on y évoquait la date de sortie sans cesse changeante, les conditions de travail abusives supportées par les acteurs et l’équipe, et surtout le budget d’un film qui explosait tous les pronostics. Au mois de décembre 1996, tout le monde avait besoin d’une pause bien méritée et Cameron accorda à son équipe un break de trois semaines. Pendant ce temps, le cinéaste est confronté une nouvelle fois à la Fox car les coûts ne cessaient d’augmenter. Lucide, Cameron avoue. « O.K, on est dans la merde. C’est ma responsabilité, prenez mon salaire.« . Une décision folle au vu des millions que le réalisateur allait toucher ! Un sacré pari qui s’est avéré payant. A mesure que les semaines passaient (encore plus de sept mois de tournage à venir), les tensions étaient palpables sur le plateau. Leo déclara : « Cette expérience était nouvelle pour moi, parce que je n’avais jamais fait de film de cette envergure avant. C’était tout à fait différent d’un film d’action normal : l’expérience allait beaucoup plus loin. On a fait certaines choses incroyables !« . Il est revenu également sur un jour épique qui l’a scotché. « En dessous de nous, des gens s’envolaient, suspendus à des cordes élastiques, tandis que tout se balançait d’avant en arrière. Des cascadeurs tombaient sur les uns sur les autres. Ensuite, on devait dire nos répliques, et crier, et tout le reste. C’était dingue !« . 

La « Leo-mania » explose

Après une belle fête qui scella la fin du tournage (un énorme soulagement pour beaucoup), la bataille continua pour Cameron. Prévu pour sortir le 2 juillet 1997, il est clair que le film ne sera jamais prêt. La Fox et Paramount, associées, fixent alors la date du 19 décembre sans trop y croire. L’euphorie dans laquelle il est accompagné est presque hors de contrôle. Je vous ai parlé dans le précédent article sur ROMEO + JULIETTE que la popularité de Leo commençait à devenir exceptionnelle. Là, elle atteindra des sommets totalement ingérables ! Au début de l’année 1998, toute question relative au coût du film avait été balayée et la seule question qui animait les journalistes était celle-ci : les spectateurs se déplacent-ils pour le film ou viennent-ils pour Leonardo DiCaprio ? Ainsi, sur le 1,844 milliard de dollars de recettes (si on prend en compte l’inflation, TITANIC atteindrait la coquette somme de 3,752 milliards aujourd’hui), 500 millions fut accordés au seul fait de la présence de l’acteur. Une statistique bien hasardeuse, mais qui prouve l’impact phénoménal de l’acteur sur le cinéma. Les foules sont en folie, comme si une rock star venait les saluer. A Tokyo, lors de la première mondiale, il fut accueilli par plus de 3 000 fans, ce qui mobilisa 250 policiers en tenues antiémeute. James Cameron en sera stupéfait : « C’est la scène la plus incroyable à laquelle il m’ait été donné d’assister.« . 

On tenta alors de comparer la popularité de Leo à celle de John Wayne, Clark Gable, Tom Cruise, Paul Newman, mais rien de semblable ne pouvait être en mesure d’égaliser cette effervescence. Il n’est pas un héros de film d’action, dur à cuire, il a plutôt l’image d’un poète sensible au grand coeur. Le mot de la fin reviendra à John Burman, responsable de l’information internationale du HOLLYWOOD REPORTER. « DiCaprio est sur le point de gravir l’échelon le plus élevé du pouvoir à Hollywood. Il va être capable de faire en sorte qu’un film se réalise, parce qu’il reposera sur son seul nom. » Oui, une star est née. 

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