Christopher Lee, un acteur hors normes

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Christopher Lee restera à jamais l’un des derniers grands de ce monde qui aura illuminé le cinéma de sa carrure impressionnante, de son visage si particulier et d’une prestance à toute épreuve.

Le fantastique dans la peau

Tout le monde le connaît, évidemment, pour ses rôles du comte Dooku dans la prélogie de STAR WARS et de Saroumane dans LE SEIGNEUR DES ANNEAUX / HOBBIT. Et pourtant, ceux-ci ne sont que d’infimes détails de sa très longue carrière. Plus de 200 films à son actif en 68 ans et des rôles iconiques comme le Dracula de Terrence Fisher mais aussi un autre personnage emblématique du fantastique, Frankenstein dans le génial FRANKENSTEIN S’EST ECHAPPE, produit par la Hammer et également réalisé par Terrence Fisher. Mais sa contribution au cinéma de genre est loin de s’arrêter à cela. Des films plus méconnus mais tout aussi réussis sont à noter comme CORRIDORS OF BLOOD,

où Christopher Lee partage l’affiche avec sa grande idole Boris Karloff. Grand ami de Peter Cushing, autre très grand acteur, ils joueront à nouveau ensemble dans le chef d’oeuvre LE CHIEN DES BASKERVILLE, encore et toujours dirigé par Terrence Fisher. Le duo se révèle une nouvelle fois incroyable de charisme entre un Cushing imbu de lui-même et délicieusement irritant et un Lee au visage taciturne et ténébreux. Autre film du duo Fisher-Lee à dénoter est LES DEUX VISAGES DU DOCTEUR JEKYLL en 1960 qui, même si il revoit totalement la personnalité du personnage, reste un long-métrage assez terrifiant où la peur se veut très insidieuse.

Après avoir incarné Sherlock Holmes dans SHERLOCK HOLMES ET LE COLLIER DE LA MORT en 1962, Christopher Lee reprend un peu à contrecoeur le rôle du plus célèbre vampire du monde pour DRACULA, PRINCE DES TENEBRES, film où finalement Dracula est un personnage secondaire. Peu de temps après, il va incarner avec une force incroyable son personnage dans RASPOUTINE, LE MOINE FOU, biopic un peu imaginaire d’un véritable moine du XXéme siècle. Inhumain, cauchemardesque, Lee est hallucinant dans ce film trop méconnu. Il continuera dans la voie exotique avec le divertissant LE MASQUE DE FU MANCHU. En 1972, il reprendra sa collaboration avec Peter Cushing dans le superbe LA CHAIR DU DIABLE où Lee joue un savant sans scrupules.

Scaramanga, Saroumane et Dooku

Après avoir incarné, enfin, une dernière fois Dracula dans le ridicule DRACULA VIT TOUJOURS A LONDRES (rien que le titre…), Lee réalise enfin ce qu’il désirait depuis longtemps, le rôle d’un méchant dans un James Bond. Ce sera chose faite en 1974 dans le très réussi L’HOMME AU PISTOLET D’OR où son duel avec Roger Moore fait des étincelles. Mais comme tout acteur, il va connaître sa traversée du désert, plus particulièrement à la fin des années 70 où le cinéma commence à radicalement changer avec l’arrivée de STAR WARS, la notion de blockbuster érigé avec LES DENTS DE LA MER, les grands films d’horreur L’EXORCISTE et ROSEMARY’S BABY qui contraignent la Hammer à fermer ses portes.

Il joue alors dans des navets assez amusant à revoir aujourd’hui comme DESTRUCTION PLANETE TERRE, un nanar impossible, ou encore L’INVASION DES SOUCOUPES VOLANTES que Lee considérait comme son pire film. A raison car entre les effets visuels d’un désastre absolu (cette soucoupe volante gonflable…) et le scénario totalement ridicule (c’est l’histoire d’extra-terrestres qui s’affrontent en s’accouplant avec des terriens… euh ?), c’est une série Z involontairement comique. Ralentissant un peu son rythme par la suite, Lee va s’attacher à quelques projets moins dense comme HOUSE OF THE LONG SHADOWS, un EXPENDABLES de l’ancienne époque où les producteurs légendaires, Golan et Globus, avaient eus l’idée de réunir toutes les anciennes gloires des monstres mythiques dans un film.

Les années 80-90 seront beaucoup plus calmes donc. Il incarnera un archéologue dans LA MALEDICTION DE LA MOMIE en 1998 puis tiendra un rôle, court mais enchanteur dans le très réussi SLEEPY HOLLOW de Tim Burton. Et ce sera donc l’époque de ses deux derniers grands rôles dans deux des plus grandes sagas de l’Histoire du cinéma. Il a donné toute sa force, son charisme, son ambiguité dans ces deux incarnations et encore plus en Saroumane où il ne faisait qu’un avec son personnage. Assurant encore ses cascades lui-même (il est très impressionnant lors du combat face à Anakin dans LA REVANCHE DES SITH), il était visiblement très affaibli lors de ses dernières années, n’ayant même plus la force de se déplacer en Nouvelle-Zélande pour ses quelques scènes dans LE HOBBIT. Un grand homme est parti mais l’Histoire ne l’oubliera jamais.

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