Critique de LE SALAIRE DE LA PEUR (2024)

LE SALAIRE DE LA PEUR, c’est avant tout un roman écrit par le formidable Georges Arnaud qui s’est inspiré de ses voyages en Amérique du Sud pour le rédiger. Le succès lors de sa sortie en 1949 est alors immense et évidemment amplifié par l‘adaptation cinématographique quatre ans plus tard réalisée par Henri-George Clouzot.

D’illustres aînés

Une autre adaptation fut mise en scène par William Friedkin en 1977 sous le nom de SORCERER. Un film majeur que certains aficionados préfèrent même au film de Clouzot (ce qui n’est pas mon cas, même si je lui reconnais ses grandes qualités). En 2024, c’est la France qui reprend le monopole avec une nouvelle transposition signée Julien Leclercq, un homme qui aime l’action (déjà derrière BRAQUEURS, GIBRALTAR, L’ASSAUT). Devant la caméra, des habitués du genre dans l’hexagone (Alban Lenoir, Franck Gastambide, tous deux populaires sur Netflix) et assez de moyens pour en mettre plein la vue (le géant du streaming a sorti une belle enveloppe). Même si tout a déjà été dit (et bien dit) sur LE SALAIRE DE LA PEUR, notre époque aime regarder en arrière pour reprendre des concepts qui ont fonctionné. C’est comme ça, il faut l’accepter.

Le salaire qui fait peur

Donc on tente de « rafraîchir » l’histoire en y incorporant des rebondissements, de la manipulation et une histoire de frangins. Aussi abandonne-t-on l’Amérique du Sud pour l’Afrique (dans un pays jamais cité), une réactualisation étrange, mais qui évite la redite. Il faut bien tenter « d’oublier » les deux précédentes versions pour parler de ce film, mais le constat est là, implacable : rien ne va. Ou presque. La première partie est catastrophique. Avec son introduction elliptique, sa scène « torride » sortie de nulle part et une contextualisation chaotique (via un flash-back maladroit), la première demi-heure est d’un vide abyssale. Régie par les « codes » Netflix (plein d’action rapidement, de la nudité, un rythme épileptique), elle ne laisse rien augurer de bon. La deuxième partie est un poil meilleure, mais la tension semble tout de même inexistante. Un comble, non ? Je ne veux pas tirer sur l’ambulance ou faire « le vieux con » du c’était mieux avant, mais je n’ai absolument rien ressenti devant cette nouvelle version. Il n’y a rien, pas de souffle épique, pas d’émotions, aucune scène qui se démarque. Les obstacles que rencontrent les protagonistes sont risibles (le passage des mines est par exemple ridicule) tandis que les scènes d’action sont filmées avec une mollesse effarante. Ne parlons même pas du fameux « passage » qui a rendu culte le film de Clouzot, ici expédié avec une nonchalance presque assumée.

Des acteurs en difficulté

C’est du cinéma fast-food qu’on nous propose, le genre de film qui plaira principalement à ceux qui ne veulent absolument pas se prendre la tête à regarder une histoire consistante. L’oeuvre originale d’Arnaud est vidée de toute sa substance et ce n’est pas lé récit des deux frères antagonistes qui relèvera le niveau. Un niveau d’ailleurs bien faiblard côté interprétation avec un Franck Gastambide qui plombe l’ensemble par son jeu monolithique et une Ana Girardot qui tente par tous les moyens de jouer la femme forte sans jamais y parvenir. Alban Lenoir s’en sort le mieux, mais aucun d’entre eux ne possède assez de palette dans son jeu pour nous offrir de l’émotion. À leur décharge, ils ne sont pas aidés par un script à la ramasse et des dialogues insipides… LE SALAIRE DE LA PEUR version 2024 n’est donc pas une franche réussite de mon point de vue, mais il en faut pour tout le monde. La preuve, c’est un véritable carton un peu partout.

AVIS GLOBAL : Un ratage dans les grandes largeurs qui ne rend pas honneur à l’histoire dont il s’inspire. Une modernisation qui parvient difficilement à capter l’attention, peu aidée par un scénario vidée de toute substance et une mise en scène chaotique.

NOTE :

Note : 1 sur 5.

LE SALIRE DE LA PEUR est disponible sur Netflix.

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