Les Anges de la Nuit, le film oublié de Phil Joanu

Parfois, il y a ces films qui n’ont jamais connu de succès, ni pendant leur exploitation, ni après. LES ANGES DE LA NUIT, oeuvre ténébreuse au possible, fait partie de cette catégorie malgré la quantité de talents présente devant et derrière la caméra.

Des noms prestigieux

L’histoire nous plonge dans un climat déjà particulier : Terry Noonan (Sean Penn) revient après plusieurs années d’absence dans le quartier de Hell’s Kitchen, quartier de New York et fief des Irlandais. Il retrouve ses anciens camarades en pleine guerre avec la mafia italo-américaine qui menace la communauté irlandaise. À la réalisation, Phil Joanu, un metteur en scène qui s’est fait connaître grâce à ses clips réalisés pourr le groupe U2 puis avec la série HISTOIRES FANTASTIQUES. En 1990, il se retrouve à diriger des comédiens de prestige (ou qui vont le devenir) : Sean Penn, Gary Oldman, Ed Harris, Robin Wright, John C.Reilly, John Turturro. Pas mal comme casting. Sans compter que c’est un certain Ennio Morricone qui signe la magnifique partition du long-métrage, mélange d’expérimentation musicale dont le compositeur avait le secret.

LES ANGES DE LA NUIT est une grande réussite, un portrait de personnages passionnants et remarquablement écrits. Empreint de classicisme, ce film est aussi l’un des derniers joyaux d’un genre qui a profondément muté dans la décennie suivante. Nous sommes en 1990 et cette oeuvre réalisée « à l’ancienne » est cachée par l’ombre de trois mastodontes révolutionnaires sur la forme : MILLER’S

CROSSING des frères Coen, KING OF NEW YORK d’Abel Ferrara et, surtout, LES AFFRANCHIS de Martin Scorsese. Perdu dans la tonne de louanges adressés à ses trois concurrents, LES ANGES DE LA NUIT paraît déjà venu d’un autre monde dans lequel on faisait les films différemment.

Une réhabilitation nécessaire

Depuis ? La réhabilitation semble toujours un peu compliquée. Si un blu-ray fut édité en 2019 (de belle qualité), LES ANGES DE LA NUIT ne paraît toujours pas vraiment célébré. Pourtant, tout y est magnifiquement filmé ici, des gunfight parfaitement éxécutés au thriller psychologique mis en place en passant par ce drame familial qui se joue devant nos yeux, le long-métrage de Joanu est aussi poignant que foncièrement sombre. Lui aussi devrait trôner aux côtés de ces illustres films cités plus haut.

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