Le coin des mal-aimés : Le 13ème Guerrier

Dans cette rubrique, je me penche sur ces films qui sont considérés comme « mauvais » ou « ratés », en somme les mal-aimés du cinéma. À la fin, je pose une question simple : le mal-aimé est-il vraiment un raté ou peut-on le réhabiliter ?

LE 13EME GUERRIER réalisé par John McTiernan (1999)

Ça raconte quoi ? Contraint a l’exil par son calife, pour avoir séduit la femme d’un autre, Ahmed Ibn Fahdlan est envoyé comme ambassadeur en Asie mineure. Une prophétie l’oblige à devenir le « 13e Guerrier » d’un groupe de Vikings partant porter secours au seigneur Rothgar, dont le village est régulièrement attaqué par une horde de démons, mi-humains mi-animaux. Au cours de ce long périple vers le nord de l’Europe, Ahmed apprend la langue de ses compagnons et le maniement des armes. Sur place, il devra affronter ses propres peurs.

Le contexte : Depuis le carton de JURASSIC PARK, l’auteur Michael Crichton a le vent en poupe. Tout en étant un homme riche pétri d’ambition. Ainsi, il décide d’adapter son roman LE ROYAUME DE ROTHGAR en tant que producteur, histoire d’avoir le contrôle sur cette transposition. John McTiernan, quant à lui, revient aux affaires quatre ans après le carton de DIE HARD 3. Problème, les deux hommes ne vont pas du tout s’entendre sur ce projet : désaccords artistiques, pétage de plomb de McTiernan, reshoot, montage charcuté… LE 13EME GUERRIER est un concentré de ce qui peut arriver de pire à une production.

Pourquoi c’est un mal-aimé ? Avec un budget qui a grimpé jusqu’à 85 millions de dollars, le film est un énorme flop avec seulement 59 millions de dollars de recettes mondiales. Seule la France lui fait honneur avec 1,2 million de spectateurs réunis. Le film reçoit de mauvais critiques de la part de la presse tandis que les spectateurs semblent peu intéressés par le projet malgré la présence d’Antonio Banderas devant la caméra et celle de McTiernan. D’autant que durant l’été 1999, deux films phénomènes se partagent les recettes : LE PROJET BLAIR-WITCH et SIXIEME SENS.

Vraiment raté ou réhabilité ? Les projections tests ont tué le film initial. Dans ce dernier, McTiernan offrait un métrage sans concession à la limite du documentaire qui a rebuté de nombreuses personnes. Il y avait également cette sorte d’odyssée décevante : un héros au départ dépassé par les événements, un point de vue « bouché », un dragon qui n’en est pas un, des créatures surnaturelles qui ne sont que des hommes primitifs… Apeuré, le studio reprend la main avec Crichton. C’est le film qui découle de cette décision que nous connaissons. LE 13EME GUERRIER n’est ni calamiteux, ni franchement enthousiasmant, restant limité par toutes ses ambitions qu’il ne peut exprimer. Malgré tout, on sent toujours le génie du cinéaste à travers quelques séquences de haute volée et une précision de mise en scène inouïe (le jeu sur les mises au point est notamment fabuleux). Même dans ses moments moins emballants, il y a toujours une idée visuelle qui vient nous secouer. Si ce n’est pas le meilleur film de McTiernan, il mérite tout de même d’être réhabilité aujourd’hui.

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