Hook, la production folle de Spielberg

HOOK a une première particularité, celle d’être le seul film que Spielberg n’ait pas lui-même commencé (hormis ses premiers travaux chez Universal, naturellement). Il était déjà en pré-production quand le réalisateur Nick Castle se brouilla avec la direction. Steven Spielberg prit donc le relais.

Spielberg et Peter Pan, une évidence

Il faut dire qu’il n’y avait rien de plus logique que de voir ce cinéaste travailler sur PETER PAN, ce garçon qui ne veut pas vieillir. Après plusieurs tentatives d’adaptation, c’est le coscénariste du film, James V.Hart, qui trouva le concept gagnant. Et si Peter Pan en grandissant se transformait en « battant » typiquement américain qui a complètement perdu contact avec son ancien moi fringuant ? Peter Pan nous apparaît d’abord sous les traits de Peter Banning, un avocat d’affaires qui aime ses enfants d’un coeur distrait, mais leur préfère nettement la course à l’argent. Il a même peur de voler ! Le film reprend un certain nombre de thèmes spielbergiens comme les parents absents ou négligents, les « enfants perdus », et la merveilleuse impression de libération que procure la faculté de voler.

Abordant ici un sujet qui lui tient à coeur, Spielberg ne recula devant aucune dépense pour réaliser ce film. Sa longueur ne pose pas de problème non plus, s’étirant sur plus de deux heures trente ! HOOK représente un peu la folie des grandeurs d’un cinéaste qui dépense sans compter, à tel point que le projet devient plus un gigantesque projet industriel qui échappe un peu à tout le monde. Neuf studios seront réquisitionnés pour les prises de vues avec un vaisseau pirate entièrement reconstitué (qui mesura 10 mètres de large, 55 mètres de long et 23 mètres de haut !). C’est, de loin, le plus grand décor dans lequel Spielby n’a jamais travaillé. La distribution, composée de nombreux enfants, devient rapidement ingérable et le plateau se transforme régulièrement en récréation difficilement supportable.

Un film vivement critiqué

HOOK n’est certainement pas le film le plus maîtrisé de sa carrière. Incarnant le capitaine Crochet, Dustin Hoffman cabotine, tentant un équilibre difficile entre frivolité et ton menaçant, face à un

Robin Williams qui tente le grand écart dans un rôle plus difficile qu’il n’y paraît. La critique ne sera pas tendre avec cette superproduction dont Spielberg a perdu le fil. Il a doublé le budget et le plan de tournage, ce qui est assez étonnant quand on sait que le film a été entièrement tourné en studio où les conditions de travail sont mieux maîtrisées qu’à l’extérieur.

Déçu et abattu par le résultat final, le cinéaste laissa entendre à l’époque que ce serait sa dernière superproduction et qu’à l’avenir, il verrait moins grand. Toutefois, HOOK ne fut pas un échec puisqu’il rapporta plus de 300 millions de dollars au box-office. Si ce n’est pas la plus grande réussite de sa carrière, le film se laisse revoir aujourd’hui avec plaisir malgré les grandiloquences d’un script pas toujours bien maîtrisé. Spielberg lui-même se réconciliera avec son long-métrage, notamment grâce à ses propres enfants qui lui ont appris à l’aimer.

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