Critique de SILENT NIGHT

Aux yeux des cinéphiles, John Woo est une figure du cinéma d’action des 90s avec son style débridé et outrancier ayant particulièrement marqué le genre. Certains diront que la meilleure partie de sa carrière est chinoise, d’autres ont une préférence pour ses expériences hollywoodiennes. Quoi qu’il en soit, Woo c’est une patte inimitable, aussi passionnante que rebutante.

Voeu de silence

Pour son retour en Amérique, le cinéaste a tenté. SILENT NIGHT n’étourdit pas par son originalité, mais essaie carrément de nous faire un film d’action… silencieux. Ou en tout cas sans montagne de dialogues.

Son personnage principal (incarné par Joel Kinnaman) veut venger la mort de son fils, tué accidentellement par une guerre de gangs qui sévissait dans le quartier. Après la séquence introductive (100 % « woodienne »), il perd sa voix en prenant une balle en pleine gorge. Du coup, la vengeance se fait dans le silence, le protagoniste étant incapable d’émettre le moindre son. Un concept détonnant qui laisse tout de même perplexe à certains moments : on n’entend que rarement les autres personnages parler, ce qui ne paraît pas tellement logique. Outre ce détail, on sent que Woo est moins à l’aise dans l’exposition des émotions (qui semblent forcées) qu’au moment de l’action qui ne s’embarrasse pas tellement de nuances.

Action décomplexée

Woo a des intentions visuelles et narratives. Il accumule les ralentis, les gunfights, les combats secs et brutaux. Rien de bien neuf à l’horizon, mais quelques belles décharges d’adrénaline à la clé. Le cinéaste sait y faire et il parvient à nous offrir quelques séquences percutantes. Il met tout cela en parallèle avec une histoire de deuil. Simple père de famille, Godlock n’est plus que l’ombre de lui-même et Woo n’essaie même pas de le rendre sympathique. Son épouse, Saya (Catalina Sandino Moreno), l’observe se détruire et se plonger dans une violence qui finira forcément mal. C’est un pur parti pris de mise en scène qui a ses limites, mais qui montre aussi comment Woo voit le monde qui l’entoure. Il y a une forme de noirceur dans SILENT NIGHT qui tranche avec la folie pure de ces précédents métrages. Ce qui a certainement provoqué la volée de bois verts que le film a reçu de la part des critiques et du public. Il faut aussi se rendre à l’évidence : John Woo a changé et il ne fallait pas espérer un miracle de SILENT NIGHT qui, même s’il reste efficace, propose une recette éculée.

AVIS GLOBAL : Une histoire de vengeance « silencieuse » qui réserve quelques morceaux de violence brute comme sait très bien les mettre en scène John Woo. SILENT NIGHT ne démérite pas, mais s’avère peu transcendant, ne profitant pas au maximum des possibilités de son concept.

NOTE :

Note : 2.5 sur 5.

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