World Trade Center, le film intimiste d’Oliver Stone

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Parfois, les intentions les plus louables ne font pas de bons films. Nous sommes en 2006 et le souvenir des attentats sur les deux tours du World Trade Center hante encore le monde entier lors de la sortie du film. 

Oliver Stone et les sentiments

Fin 2004, Debra Hill, la productrice, est bouleversée lorsqu’elle découvre les témoignages du sergent John McLoughlin et Will Jimeno, deux policiers coincés sous les gravas des heures durant. Elle contacte alors Oliver Stone qui accepte de réaliser le film, lui a qui a déjà décortiqué l’Amérique dans PLATOON, JFK ou encore NE UN 4 JUILLET. Son style souvent offensif n’est pas de mise ici puisque le cinéaste s’assagit étonnamment en préférant les sentiments et le mélodrame. Son but est de voir cette tragédie sous l’angle de l’humain plutôt que politique. Tout part donc d’une bonne intention…

Le casting est choisi avec les vrais protagonistes du 11 septembre (ils ont également participé à l’écriture du scénario) et le tournage s’étalera du 19 octobre 2005 au 10 février 2006 en Californie, à New York ou encore dans le New Jersey. Une question se pose pour l’équipe : comment retracer les événements en évitant le spectaculaire ? Stone a une approche très sensorielle, s’attachant aux détails et se servant d’un sound design édifiant pour mettre en scène son film. Ainsi, une ombre d’avion vient se refléter sur un immeuble, la poussière recouvre les décors, les flammes dévorent le ciel, les parois craquent sous le poids de tonnes d’acier au bord de l’écroulement. La composition même de la direction artistique est intéressante, mais elle s’effondre vite face au mélodrame insipide que nous sert Stone.

Un problème de fond ?

Visiblement peu à l’aise dans cet exercice, il rajoute des couches de sentimentalisme forcé pour tirer des larmes qui ne viennent pas. Il ne parvient que trop peu à toucher la corde sensible, enfouie elle aussi sous les gravas. Nicolas Cage et Michael Pena se démènent mais cela ne suffit pas. On a bien compris que Stone rendait hommage aux pompiers et policiers qui ont péri ce jour-là, à leur courage presque inconscient de vouloir sauver des personnes déjà condamnées pour la plupart. Mais cet héroïsme est réalisé avec des ralentis en décalage complet avec le sujet ainsi que de longues séquences ineptes de philosophie peu concluantes. WORLD TRADE CENTER manque d’élaboration dans ses fondements et Stone semble s’être un peu précipité pour le réaliser. Dommage car la puissance évocatrice d’un tel récit aurait pu donner lieu à un grand moment de cinéma.

A sa sortie, le film ne récolte que 162,9 millions de dollars pour 62 millions de budget. Aux USA, il en rapporte 70 millions, un score faible qui s’explique par les difficultés du peuple américain à revivre cette expérience traumatisante. Les critiques n’ont pas aidé non plus, le long-métrage se faisant assassiné avant son exploitation. L’Histoire retiendra au moins la tentative et l’humanité qui peut ressortir lors des grands drames humains.  

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