La planète des singes, le blockbuster simiesque de Tim Burton

Une nouvelle décennie et un nouveau siècle s’ouvrent. C’est ici que certains inconditionnels de Tim Burton délimitent une deuxième partie de carrière plus poussive et commerciale, loin des engagements personnels et noirs de ses débuts. Pourtant, il ne faudrait pas oublier que le cinéaste a toujours exploité les deux facettes de cet art. Il a commencé avec PEE-WEE BIG ADVENTURE, tiré d’un show très célèbre et pure commande de la part de la Warner Bros. Il a ensuite mis en scène deux BATMAN entrecoupés, il est vrai, de deux métrages plus personnels (BEETLEJUICE et, surtout, EDWARD AUX MAINS D’ARGENT). Le voir s’orienter vers un blockbuster franchisé comme LA PLANETE DES SINGES n’est finalement pas si étonnant au regard de sa carrière. Ce fut surtout un choix détonnant qui a créé une attente particulière autour de ce reboot.

Une nouvelle version attendue

Un reboot qui aura mis du temps à aboutir, puisque le développement a démarré en 1988 et s’est étalé, après plusieurs remaniements internes. De nombreux cinéastes ont été concernés, d’Adam Rifkin à Peter

Jackson en passant par Chris Columbus et Phillip Noyce. C’est en 1999 que LA PLANETE DES SINGES redémarre et se concrétise par le biais du nouveau directeur de production de FOX, Tom Rothman. Il engage l’auteur William Broyles qui a notamment rédigé APOLLO 13, HAUTE VOLTIGE et le futur carton SEUL AU MONDE. Pour le mettre en scène, Tim Burton est pisté, mais le cinéaste ne veut pas faire une version modernisée du chef-d’oeuvre de Franklin J. Schaffner. Il se révélera tout de même intéressé par les thèmes de l’intrigue et les références de celle-ci à l’oeuvre littéraire de Pierre Boulle. Il accepte finalement la proposition qui va rapidement le basculer dans l’ère moderne du blockbuster…

Parce que tout va très vite. Les studios prévoient désormais leurs films bien en amont et ne transigent pas sur ces dates si précieuses. La communication est déjà entamée pour une sortie du blockbuster à l’été 2001. Problème, le script n’est toujours pas finalisé en juillet 2000 alors que le tournage est prévu en novembre. Les scénaristes Lawrence Konner et Mark Rosenthal vont alors jouer les pompiers de service et parvenir à certains compromis en terme d’ampleur. La production est assez énorme : le maquilleur Rick Baker engage jusqu’à 70 personnes travaillant quotidiennement pour maquiller les 500 figurants incarnant les singes et la dizaine d’acteurs principaux. Heureusement, Burton peut s’appuyer sur de grands artistes, que ce soit Baker, Colleen Atwood pour les costumes ou Rick Heinrichs concernant les décors. Même chose pour l’un des aspects les plus importants du film : le comportement simiesque. Durant des semaines, les acteurs sont préparés physiquement à se déplacer comme des singes, encadrés par le chef des cascades, Charlie Croughwell et le gymnaste (désormais célèbre) Terry Notary. Le tournage est d’ailleurs très difficile pour les comédiens qui sont envoyés au maquillage à trois heures du matin tout en repartant très tard le soir. Les nuits sont donc courtes tandis que de nombreux effets pratiques sont mis en place, Burton préférant ces derniers aux CGI.

Des délais effrénés

Toute cette force créatrice aboutit finalement à une post-production elle aussi très resserrée où le montage, l’étalonnage, les effets spéciaux et la musique doivent être bouclées en moins de quatorze semaines ! Impossible pour Tim Burton d’expérimenter ou de tracer de nouveaux horizons. Les délais

sont tellement courts qu’une forme de frustration gagne le cinéaste qui doit tout faire dans l’urgence depuis le début de la production. La puissante machinerie l’écrase tandis que sa vie personnelle prend une nouvelle tournure : c’est ici qu’il divorce de Lisa Marie et rencontre Helena Bonham Carter, celle qui est toujours sa femme aujourd’hui. Tout s’enchaîne donc jusqu’à la sortie du film le 27 juillet 2001 qui cumulera 68 millions de dollars pour son premier week-end. Au total, il rapportera 362,1 millions de dollars de recettes mondiales et attirera près de 4 millions de spectateurs en France. Malgré cela, LA PLANETE DES SINGES ne sera jamais réellement considéré comme un succès à cause de critiques trop négatives et d’un retour du public assez mitigé. Aucune suite ne sera donc lancée et Burton repartira vers une oeuvre bien moins grandiose, mais plus magnifique encore : le mésestimé BIG FISH.

LA PLANETE DES SINGES est actuellement disponible sur Disney +.

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