En 2018, BOHEMIAN RHAPSODY est le carton au box-office que personne n’attendait. 950 millions de dollars de recettes et un plébiscite hallucinant pour un film qui a cristallisé énormément de passions. Entre ceux qui furent conquis et les puristes lamentés, le film de Bryan Singer (et Dexter Fletcher qui fut engagé suite au renvoi du cinéaste) fut un phénomène de société qui remis le groupe Queen sur le devant de la scène.
Trop gentil ?
Cinq ans plus tard, que reste-t-il de ce succès qui offrit à la carrière de Rami Malek une nouvelle valeur (il
a remporté l’Oscar du meilleur acteur pour sa performance) ? Entre les libertés prises par rapport à la réalité (elles sont nombreuses) et ce sentiment d’assister davantage à une hagiographie qu’à un biopic objectif, BOHEMIAN RHAPSODY patine surtout dans un montage bien trop haché qui désarçonne davantage encore lorsqu’on le revoit. Il faut dire que ce film fut longtemps en gestation, personne ne trouvant par quel angle raconté cette histoire. Il fallut que les deux membres du groupe, Brian May et Roger Taylor s’impliquent pour tout débloquer et ce, pour une bonne raison : le projet était d’abord conçu comme un biopic sur Freddie Mercury, mais les deux artistes, mécontents, ont estimé qu’ils avaient aussi le droit d’être représentés. On les comprend.
Le tournage fut lui aussi laborieux, les tensions étant assez vives entre Singer et Malek, ce dernier reprochant au réalisateur son manque de professionnalisme. Le studio en a vent et commence à s’intéresser de près à l’histoire. Les deux hommes mettent leurs différends de côté, mais une absence prolongée du cinéaste pour « raison personnelle »a interrompu le tournage et a mis fin à la collaboration de la FOX avec Singer. En parallèle, il est accusé d’agressions sexuelles par plusieurs personnes et son nom ressort dans l’affaire Weinstein. Plus personne ne veut travailler avec lui depuis.
Un final enflammé
Film accidenté, BOHEMIAN RHAPSODY va trouver de la force et de la ressource dans son énergie cinématographique. Terminer le métrage par le phénoménal concert du Live Aid est un coup de maître. Oubliées les nombreuses approximations du récit, le spectateur est étourdit par le tour de force musical
et visuel de ce morceau de bravoure saisissant. L’euphorie a gagné le grand public, celui-ci prenant à contre-pied une presse plutôt mitigée. Les adorateurs de Queen sont plus que sceptiques, mais la loi du plus grand nombre l’emporte : les spectateurs en font une oeuvre à voir qui renoue avec le génie de Mercury tout en rejouant des mélodies entrées dans l’Histoire de la musique. C’est peut-être là que le film se tient, dans ce bouillonnement nostalgique qui a ému et enthousiasmé plusieurs générations. À tel point qu’il a réussi à faire oublier le monde aseptisé dans lequel il nous a embarqué…