En 1988, lors de la sortie de QUELQUES JOURS AVEC MOI, cela fait cinq années que le réalisateur Claude Sautet n’est pas revenu à la réalisation. Après GARÇON, échec critique et public, le cinéaste envisage d’abandonner le cinéma et son retour se fera par le biais d’un jeune producteur désireux d’offrir une nouvelle chance à l’un des hommes forts du cinéma français.
Une nouvelle impulsion
Ce producteur s’appelle Philippe Carcassonne et il vient de se lancer dans la production deux ans plus tôt avec TANDEM réalisé par Patrice Leconte. Ancien journaliste, il veut, à 32 ans, se hisser au plus haut avec
des projets de qualité. Ainsi, Claude Sautet s’entoure d’une nouvelle génération de techniciens, de scénaristes et de comédiens pour son retour avec QUELQUES JOURS AVEC MOI. On y suit un fils de bonne famille, Martial (Daniel Auteuil), mal dans sa peau, dépressif, P.-D.G. d’une chaîne de supermarchés, profite de raisons professionnelles pour prendre un peu de recul. Il se pose à Limoges semant le trouble dans la vie des bourgeois locaux, dont les gérants du supermarché de la ville, Monsieur Fonfrin (Jean-Pierre Marielle) et sa femme, comme dans le cœur d’une provinciale, Francine (Sandrine Bonnaire), à qui il propose de rester quelques jours avec lui, en échange de quoi elle pourra se voir offrir tout ce qu’elle veut.
Une oeuvre satirique et sentimentale
QUELQUES JOURS AVEC MOI s’avère être l’une des oeuvres les plus surprenantes et les plus espiègles de Sautet. Ce dernier n’hésite pas à pousser assez loin le bouchon de la farce quitte à en faire parfois un peu trop. Il s’amuse aussi avec son couple de bourgeois, superbement incarné par Marielle et Dominique Lavanant, décrit comme hypocrite et étouffé par les préjugés. Mais au-delà d’une satire sur la bourgeoisie parisienne et provinciale, c’est aussi une belle histoire romantique entre deux êtres que tout oppose et qui ne parviennent pas à exprimer leurs sentiments.
Si ce film est une renaissance artistique pour Sautet, c’est aussi une page qui se tourne. Sur le plateau, il a parfois du mal à s’y retrouver avec cette nouvelle génération qui le bouscule dans ses habitudes. Toutefois, il reprend du plaisir derrière la caméra et déclarera, quelques années plus tard, que QUELQUES JOURS AVEC MOI est l’un de ses films préférés dans sa filmographie. L’histoire d’une renaissance.
