Critique de LA PETITE SIRENE

D’aucuns pourraient penser que ces remakes des classiques animés Disney ont, finalement, assez peu d’intérêt. Y’en a-t-il un qui a véritablement marqué les esprits ? Mais la manne financière est là. Le public répond (presque) à chaque fois présent et les recettes s’envolent. Il y a ici une volonté de prolonger la magie d’une histoire qui a marqué plusieurs générations et offrir un spectacle visuel digne (permis grâce aux nouvelles technologies).

L’histoire d’une sauveuse

L’histoire de LA PETITE SIRENE est particulière. Les 80s ont fait mal au studio Disney financièrement et les dessins animés, l’une des principales sources de ses revenus, ne rapportent plus beaucoup au box-office.

Dernière animation de la firme faite en cellulos peintes à la main, nouvelle direction artistique musicale (menée par l’excellent Alan Menken) et nouvelle ère assumée d’une génération qui va accoucher d’une décennie (les 90s) dorée, voilà tout ce que représente le film réalisé par John Musker et Ron Clements. En 2023, le rapport de force n’est plus du tout le même. Disney accumule les licences, les cartons et se permet de refaire encore et encore du « neuf » avec du vieux. Quel intérêt a donc LA PETITE SIRENE aujourd’hui ? Celui-ci s’appelle peut-être Halle Bailey, imposée à la tête d’une production qui « trahit » le matériau d’origine. Une jeune fille Noire qui remplace donc une Ariel Blanche dans le dessin animé, ce qui a suscité l’indignation ridicule des internautes du monde entier. Une certaine idée du « wokisme », mot utilisé n’importe comment et à tout bout de champ. Le problème vient aussi du studio qui a bien du mal à s’imposer dans toutes ces idéologies qui perdent un peu tout le monde et qui agacent fortement. Sincèrement, on s’en fout un peu de la couleur de peau de la petite sirène, non ?

La petite sirène sans âme

D’autant que ce débat stérile et stigmatisant nous éloigne du vrai problème : le film en lui-même. Et ce n’est certainement pas l’interprétation de la jeune actrice qu’on est en droit de remettre en cause : elle incarne Ariel avec un talent certain, donnant de la voix pour de (trop) nombreuses séquences chantées. Non, si LA PETITE SIRENE version 2023 boit la tasse, c’est à cause de sa direction artistique. La narration, elle, approfondit assez bien la mythologie et offre même davantage de substance à certains personnages (le Prince Eric notamment). L’équilibre entre respect envers l’oeuvre originale et digressions s’avère plutôt agréable, un peu comme l’avait fait Guy Ritchie pour ALADDIN. Mais visuellement, on est proche de la catastrophe. Il en faut peu pour s’en rendre compte : une plongée initiale en plan-séquence dans l’océan nous permet de rapidement constater les dégâts. Passer cinq mois après l’époustouflante réussite visuelle de AVATAR – LA VOIE DE L’EAU n’aide pas non plus… Mais même sans comparer l’incomparable, le spectacle est pauvre. Là où LE ROI LION offrait un photo-réalisme saisissant (et parfois même gênant), LA PETITE SIRENE ressemble à une aminatique de jeu vidéo aseptisée. En étant tolérant, je pourrai peut-être sauvé la séquence colorée du fameux titre « Sous l’océan » dans laquelle les couleurs et la vivacité stylistique sautent aux yeux. Ce qui aurait pu être appliqué à l’ensemble du long-métrage avec un minimum d’efforts.

Finalement, au-delà de tous les débats qu’il génère, LA PETITE SIRENE s’avère terriblement… banal. Le film a coûté la bagatelle de 250 millions, ce qui laisse franchement songeur. Son inconséquence est à mettre en parallèle avec la politique d’un studio qui semble à court d’idées…

AVIS GLOBAL : Un casting qui s’en sort avec les honneurs, quelques approfondissements narratifs bien sentis, une certaine volonté de bien faire de la part du réalisateur Rob Marshall… Mais son aspect visuel désastreux et sa vacuité globale font de LA PETITE SIRENE un blockbuster sans magie ni véritable âme.

NOTE :

Note : 2 sur 5.

LA PETITE SIRENE est actuellement disponible dans les salles de cinéma.

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