L’Echelle de Jacob, Tim Robbins plongé en plein cauchemar

Hanté par de saisissantes visions cauchemardesques, L’ECHELLE DE JACOB est une réussite majeure du cinéma de genre ayant notamment inspiré de nombreux auteurs, réalisateurs et… concepteurs de jeux vidéos !

Un scénario difficile à vendre

Jacob Singer (Tim Robbins), un employé des postes new-yorkaises, est assailli par de nombreux cauchemars durant ses journées. Il voit des hommes aux visages déformés et se retrouve dans des lieux qu’il ne connaît pas. Jacob est victime des flashbacks incessants de son premier mariage, de la mort de son fils et de son service au Vietnam. Jours après jours, Jacob s’enfonce dans la folie en essayant de comprendre ce qui lui arrive avec l’aide de Jezebel (Elizabeth Pena), son amie.

Le scénario nous vient de Bruce Joel Rubin, un auteur passionné par la vie après la mort, qui a

notamment passé deux ans de sa vie dans un monastère tibétain bouddhiste au Népal. Inspiré par l’épisode biblique du Livre de la Genèse, L’ECHELLE DE JACOB, il imagine une histoire qu’il considère comme un prolongement moderne du Bardo Thödol, le livre des morts tibétains. Pour simplifier, ce dernier parle d’état de conscience et de perception du passage à la mort jusqu’à la renaissance (autrement dit la réincarnation). Ce n’est pas pour rien qu’il a écrit le film GHOST auparavant, immense succès populaire qui parle surtout du voyage d’un défunt de la réalité vers l’au-delà.

Si c’est toute cette expérience qui a alimenté son imagination, les prémisses du projet remonte à 1980 lorsque Rubin fait des cauchemars dans lesquels il se voit enfermé dans une station de métro. Le problème c’est que personne ne veut de son script. Hormis un court-métrage pour Brian de Palma, ses histoires ne trouvent pas preneur. Il faudra attendre 1986 et son adaptation du roman FRIEND (rebaptisé L’AMIE MORTELLE) pour quelques portes puissent commencer à s’ouvrir. Malheureusement, le film de Wes Craven est un échec, mais Rubin ne lâche rien et envoie son scénario de l’ECHELLE DE JACOB aux producteurs hollywoodiens.

Le film trouve son réalisateur

Evidemment, personne ne veut produire une histoire aussi austère et ésotérique. Toutefois, la PARAMOUNT est prête à l’acheter si le scénariste cède également les droits de GHOST. Rubin accepte, mais le studio annulera rapidement la mise en chantier de L’ECHELLE DE JACOB pour diverses raisons. Arrive alors Adrian Lyne, réalisateur à succès de FLASHDANCE. Subjugué par le scénario, il abandonne LE BUCHER DES VANITES (repris par De Palma) pour mettre en scène l’histoire de Jacob Singer. Tout s’enchaîne et le studio indépendant CAROLCO PICTURES (malheureusement disparu en 1995) offrira 25 millions de dollars au cinéaste pour qu’il mette en place sa vision.

Une grosse somme qui ne sera malheureusement pas remboursée. L’échec en salles sera conséquent, mais son impact populaire le sera tout autant par la suite. L’ECHELLE DE JACOB est un film imposant et important qui ouvrira d’ailleurs de nombreuses possibilités à Tim Robbins. Plus connu pour ses rôles légers, il est ici impressionnant dans la peau de Jacob et son interprétation sert parfaitement l’ambiance glaçante et anxiogène du film (parfaitement servie par la composition soufflante de Maurice Jarre). Elizabeth Pena est elle aussi remarquable dans le rôle de la petite-amie qui joue un rôle finalement bien plus profond et mystérieux qu’au premier abord. Film des apparences, L’ECHELLE DE JACOB est une pépite comme les 90s savaient si bien nous offrir, mue par une vrai envie de cinéma de l’écriture à la production en passant par la réalisation. Une prise de risque comme il n’en existe plus beaucoup…

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