Excalibur, John Boorman et la légende arthurienne

Dès son enfance, le réalisateur John Boorman se fascine pour les mythes de la Table Ronde. Lorsqu’il rentre dans le milieu du cinéma, il se met en tête de parvenir à filmer une grande épopée à l’écran et envisage d’adapter la légende arthurienne dès 1969 après le succès de DUEL DANS LE PACIFIQUE.

Tolkien remplace Arthur

Cependant, les choses ne seront pas aussi simples. UNITED ARTISTS propose au metteur en scène de tourner une adaptation de l’oeuvre phare écrite par J.R.R Tolkien : LE SEIGNEUR DES ANNEAUX. Boorman y travaille et en tire un long-métrage de trois heures qui déplaît aux producteurs. Trop éloignée des écrits, cette version ne verra jamais le jour. Toutefois, Boorman réutilise certaines de ses idées pour ce projet arthurien qui l’obsède toujours autant. Il faut dire que le projet est titanesque puisqu’il ne veut pas seulement replonger dans le mythe du St-Graal : il souhaite mettre en scène la vie du futur roi Arthur, de son enfance au trône.

Dans son enthousiasme démesuré, il finalise le script et l’envoie à la Warner Bros qui s’effraie de constater que celui-ci s’étend sur une durée éventuelle de 4h30 ! Le studio recale immédiatement le cinéaste même si son ambition est louée. Persévérant, il demande au scénariste et ami Rospo Pallenberg (qui travaillera à de nombreuses reprises avec Boorman) de l’aider à raccourcir l’histoire fleuve qu’il a écrite. Après de longs mois de travail, Pallenberg parvient à trouver un meilleur équilibre dans le récit en tranchant net à l’intérieur de certaines parties qui s’étirent trop. Il réduit également le nombre de personnages avec des petites d’astuces d’auteur (notamment en fusionnant quelques seconds rôles) et ramène le tout à une durée bien plus raisonnable.

Un grand spectacle

Produit pour 12 millions de dollars (soit l’équivalent de 40 millions aujourd’hui), EXCALIBUR s’appuie alors sur un casting d’inconnus qui sont avant tout choisis pour leur ressemblance (physique et/ou psychologique) avec les personnages. Boorman part puiser dans la prestigieuse nouvelle génération de comédiens britanniques. Nigel Terry, Helen Mirren, Gabriel Byrne, Patrick Stewart, Liam Neeson, Ciaran Hinds, tous ces visages se retrouveront régulièrement sur nos écrans. Si la Warner Bros aurait aimé une ou deux têtes d’affiche, le studio se dit toutefois qu’un casting sans stars coûte moins cher…

Visuellement somptueux, EXCALIBUR aura un grand impact sur les spectateurs de l’époque, y compris ceux qui le découvriront en VHS de sa sortie sur le support en 1993. Présenté au festival de Cannes en 1981, le grand spectacle de Boorman sera un beau succès en salles (avec près de 35 millions de dollars de recettes et 2,4 millions d’entrées en France) et continuera d’impressionner les spectateurs les décennies suivantes, sa réussite n’étant jamais remise en question. Avec DELIVRANCE et, dans une moindre mesure LA FORET D’EMERAUDE, c’est peut-être le film le plus emblématique de son auteur.

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