Copland, un casting hors normes pour une sombre enquête

Petit film indépendant sorti en 1995, HEAVY allait permettre au monde de découvrir les talents de cinéaste d’un certain James Mangold. En 1997, il écrit COPLAND et le réalise, ce qui va lui permettre de côtoyer certains des plus grands noms de l’Histoire du cinéma américain.

Un casting cinq étoiles

Pour un second film, c’est certain qu’il faut avoir une belle confiance en soi pour pouvoir diriger un casting aussi étincelant : Sylvester Stallone, Robert de Niro, Harvey Keitel, Ray Liotta ou encore Robert

Patrick. Il faut dire que le scénario s’intéresse à un sujet assez fort qui nous montre des policiers corrompus qui se trouvent dorénavant au-dessus des lois. Pire, ce sont les leurs qu’ils font respecter et personne ne dit jamais rien à Garrison, cette petite ville du New-Jersey qui est carrément appelée « Copland ». On suit alors un drôle de personnage, le shérif local Freddy qui a toujours rêvé d’être policier de la NYPD. C’est ici que Sylvester Stallone trouve un rôle à contre-emploi pour lequel il prendra près de vingt kilos !

En le revoyant aujourd’hui, on pourrait bien sûr penser que COPLAND est banal. Depuis 1997 (date de sortie du film), il faut dire que ce genre d’histoires s’est démultiplié (que ce soit à la télévision ou au cinéma) à tel point que le flic ripou est presque devenu un cliché du genre. Pourtant, rarement un film en avait fait son sujet principal. Ici, on ne suit que les policiers et leurs combines pour se sortir d’une affaire périlleuse. L’arrivée du lieutenant Moe Tilden (Robert de Niro) les fait trembler, lui qui sait qu’une sombre manipulation est en train de se tramer dans l’ombre. Malheureusement, James Mangold le relègue au second plan et Tilden de se retrouver rapidement évincé du film. C’est dommage d’autant que l’interprétation offerte par de Niro est au service d’un personnage intéressant.

Que penser alors de Sylvester Stallone qui avait décidé de casser son image en prouvant au monde qu’il était capable de jouer un rôle plus dramatique ? Sa présence lasse et pesante est totalement en accord avec ce personnage juste qui regarde passer sa vie sans la vivre réellement. En s’affirmant davantage, il aurait pu laisser une trace plus grande. Un héros déchu que Figgsy (Ray Liotta) apprécie, n’hésitant pas à l’encourager pour qu’il puisse enfin s’élever contre sa propre condition. COPLAND narre le basculement d’un homme, ce moment où il prend enfin conscience de la place qu’il peut occuper dans ce monde corrompu. Le juste qui se bat contre un système gangrené par l’argent, sur lequel trône un excellent Harvey Keitel, très à l’aise en chef de meute prêt à tout pour sortir vainqueur.

Un échec au box-office

Si COPLAND parvient difficilement à s’extirper d’un style un poil ampoulé, il n’équilibre pas toujours parfaitement sa mise en scène, la faute à une BO un peu trop insistante (pourtant signée du grand Howard Shore qui deviendra célèbre grâce au SEIGNEUR DES ANNEAUX) et à une forme de rigidité dans les scènes d’action qui prouve, mine de rien, les efforts réalisés par Mangold en la matière. Côté direction d’acteurs, il prouve déjà sa capacité à gérer de grands noms et à extraire le maximum de leurs capacités. Il y parviendra tout au long de sa carrière, pour Angelina Jolie (UNE VIE VOLEE), John Cusack (IDENTITY), Joaquin Phoenix (WALK THE LINE), Russell Crowe (3H10 POUR YUMA), Hugh Jackman (qui fut encore plus impressionnant dans THE WOLVERINE et surtout LOGAN) puis enfin pour Matt Damon et Christian Bale (LE MANS 66). Il a fait du classicisme sa force et en extirpe toujours le meilleur, ce qui, toutes proportions gardées, le place aux côtés d’un Clint Eastwood ou encore d’un John Ford pour lequel il voue une admiration sans limite.

Apprécié par les critiques à sa sortie, COPLAND ne fut pas le succès escompté au box-office en ne rapportant que 63 millions malgré son casting prestigieux. Pour Stallone, c’est la douche froide. C’est l’un des moins scores de sa carrière, juste en-dessous de ARRETE OU MA MERE VA TIRER (70 millions). À partir de là, il va traverser quelques années difficiles…

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