Nos plus belles années, Robert Redford et Barbra Streisand pour le meilleur

Le titre du film réalisé par Sydney Pollack en 1973 pourrait presque correspondre à la situation professionnelle de Robert Redford à cette époque. Il est l’une des grandes stars du moment et les années qui arrivent vont le maintenir à un très haut niveau : L’ARNAQUE, GATSBY LE MAGNIFIQUE puis LES TROIS JOURS DU CONDOR. Intouchable.

NOS PLUS BELLES ANNEES marque également sa troisième collaboration avec Pollack après PROPRIETE INTERDITE et JEREMIAH JOHNSON. Nous sommes aux Etats-Unis en 1937. D’origine modeste, Katie (Streisand) est une travailleuse acharnée, ardente pacifiste et militante communiste qui lutte sans cesse

pour ses convictions. Issu d’une famille aisée, athlète accompli, Hubbell (Redford) n’a pas de réelle conscience politique, charmeur et désinvolte, il excelle sans effort dans tous les domaines. Pour elle, tout est si sérieux. Pour lui, tout est si facile. Une admiration réciproque va grandir jusqu’à se muer en une irrésistible attirance. Mais tout ceci n’est que le début de leur histoire… Une histoire devant et derrière la caméra où la relation entre les deux comédiens principaux fut aussi alternative que celle des deux personnages.

La liste Noire

Le film de Sydney Pollack a une résonance particulière aux Etats-Unis (davantage qu’en France) et ce pour une raison évidente : ce fut l’un des premiers longs-métrages hollywoodiens à avoir osé aborder l’époque du Mccarthysme. Arthur Laurents, le scénariste de NOS PLUS BELLES ANNEES, fut d’ailleurs l’un des noms inscrits sur la fameuse liste noire en 1951. Toutefois, une certaine tension va naître entre lui et le cinéaste à cause des nombreux changements de ce dernier concernant l’histoire (il fera même appel à Francis Ford Coppola pour réécrire une partie du script. Pollack déclara. « Les modifications étaient, à mon sens, nécessaires. Malgré sa vision, Laurents était incapable de voir au-delà du message politique pour faire les meilleurs choix concernant l’aspect dramatique. Dans le script d’origine, Hubbell n’était qu’un homme unidimensionnel et Katie, une femme lisse. Il fallait apporter de la profondeur. ». Au regard du résultat final, difficile de le contredire : la relation entre les personnages principaux est le coeur battant de l’histoire même si le sous-texte politique reste bien présent.

Un duo complémentaire

Pour en revenir au duo de comédiens, leur énergie différait quelque peu sur le plateau. Barbra Streisand est autant une star que Redford dans les 70s : c’est une chanteuse très populaire et sa carrière

cinématographique a commencé avec un Oscar de la meilleure actrice co-remporté avec Katharine Hepburn. Plutôt pas mal. Avec NOS PLUS BELLES ANNEES, elle sera encore distinguée grâce à la fameuse musique du film, THE WAY WE WERE pour laquelle elle remportera un autre Oscar. Robert Redford, lui, est en tournage avec son instinct et sa perception du présent, pas dans l’anticipation contrairement à sa partenaire. Celle-ci est autant dans le contrôle que l’analyse. « J’étais comme un jockey qui essayait de déterminer quand tourner la caméra et les faire coïncider » résumait Pollack. Leurs différences sont évidentes et ils en sont parfaitement conscients. Ce qui ne les empêche pas d’avoir un profond respect l’un pour l’autre. « Parfois, il y avait de l’incompréhension » d’après le cinéaste. « Mais ils parvenaient sans cesse à trouver des ressources pour former cette forme d’évidence à l’écran. ».

Sorti en octobre 1973 aux Etats-Unis, NOS PLUS BELLES ANNEES sera un grand succès même si le réalisateur regrettera publiquement les nombreuses coupes qu’il a du réalisées sous la pression du studio. « C’était difficile de supprimer ces scènes. La Columbia (le studio derrière le film) était terriblement inquiet. Ils faisaient faillite à l’époque et ils n’avaient pas eu de succès depuis quelques années. La pression était grande. ».

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