Le cinéma français et ses désirs de grandeurs

À une époque pas si lointaine, le cinéma français avait un désir de grandeur dans l’investissement de superproductions capables de rivaliser avec Hollywood. Une envie qui s’est stoppée à l’aube des années 2010, mais dont le fantasme fut incarné durant quelques années.

Annaud en fer de lance

D’une certaine manière, c’est Jean-Jacques Annaud qui lança l’idée d’une riposte « à la française » à l’hégémonie hollywoodienne. Avec LA GUERRE DU FEU en 1981, le cinéaste parvient à livrer un beau

spectacle qui n’a rien à envier à l’ogre américain. Il est aussi le premier réalisateur à concevoir ses films pour le marché international. Un élément important de l’équation car là se trouve le nerf de la guerre. Sept ans plus tard, il parvint à renouveler un exploit quasi identique avec L’OURS. Effets spéciaux, gros budgets, capitaux en majorité hollywoodiens, langue anglaise, tels sont les critères nécessaires de ces superproductions qui parviennent à pénétrer le marché américain et ses satellites du monde entier.

Des projets ambitieux

Une nouvelle ère s’ouvre donc pour le cinéma français. Cette envie de repousser les frontières est partagée par Jean-Pierre Jeunet qui fut remarquer aux Etats-Unis avec ses films DELICATESSEN et LA CITE DES ENFANTS PERDUS. En 1997, il fut même engagé pour mettre en scène ALIEN, LA RESURRECTION, l’une des franchises les plus célèbres du cinéma US. Le savoir-faire de Jeunet ainsi que ses nombreuses influences séduisent de l’autre côté de l’Atlantique. Lui aussi fera de grosses productions comme l’immense succès LE FABULEUX DESTIN D’AMELIE POULAIN (dont l’impact fut mondial) et UN LONG DIMANCHE DE FIANÇAILLES. Le système français se met au pas, en témoigne des longs-métrages ambitieux comme LE PACTE DES LOUPS, VIDOCQ ou BLUEBERRY.

Bien sûr, c’est Luc Besson qui va cristalliser toute cette démesure en voulant ériger son studio rien qu’à lui. Son ambition est magnifique, incroyable. En tant que metteur en scène, il est le seul français capable d’attirer des acteurs internationaux et parvient régulièrement à vendre ses films hors des frontières françaises. Dans un autre domaine, les franchises comme ASTERIX vont exploser (et en terme d’entrées, et en terme de budget) tandis que la corrélation entre les capitaux américains, européens et français est au beau fixe.

Une fin prématurée

Pourtant, tout va finir par s’effondrer. Le cinéma de genre va se faire de plus en plus rare, remplacé peu à peu par des productions plus comiques, capables de rassembler de nombreux spectateurs. L’argent commence à manquer et le terrible flop de VALERIAN va définitivement couler Luc Besson qui a pris un terrible risque avec cette énorme blockbuster à 220 millions d’Euros. Il est de plus en plus difficile d’obtenir des enveloppes conséquentes aujourd’hui pour des cinéastes désireux de mettre leurs ambitions à l’écran. Quoi de plus normal quand on voit qu’Hollywood connaît le même genre de problèmes ?

Et puis il y a ce regard du public. C’est sûr, on a tous, un jour ou l’autre, comparé un film de genre français avec le cinéma US. C’est injuste, mais c’est comme ça. La comparaison reste difficile et il aura fallu le talent de quelques réalisateurs pour parvenir à mettre en scène des films de qualité sans renier leur personnalité tout en évitant de trop s’américaniser.

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