Videodrome, le film visionnaire de David Cronenberg

Après RAGE et CHROMOSOME 3, David Cronenberg s’est déjà fait un nom dans le milieu grâce à son incroyable savoir-faire visuel. Les années 80 lui ouvrent alors de nouvelles portes, celles capables de l’emmener plus loin et plus haut. Avant de décoller véritablement avec THE DEAD ZONE et LA MOUCHE, le cinéaste décide de mettre un scène un projet singulier intitulé VIDEODROME.

Une film tortueux

Max (génial James Woods), le directeur cynique d’une petite chaîne de télévision câblée spécialisée dans le sexe et la violence, en quête perpétuelle de sensations fortes à offrir à ses abonnés, découvre le programme pirate « Vidéodrome », qui montre des images de jeunes femmes ligotées et fouettées. Apparemment, ces scènes de tortures sont non simulées et provoquent chez Max de dangereuses hallucinations (qui n’en sont peut-être pas) et son enveloppe charnelle subit d’atroces métamorphoses. Son estomac se transforme en magnétoscope, sa main en arme à feu, et il devient peu à peu l’instrument d’une machination qui le dépasse.

VIDEODROME est un labyrinthe, un véritable kaléidoscope d’images et de sons. Beaucoup de spectateurs sont restés sur la touche, lassés de devoir se creuser la tête pour comprendre ce qui se déroule à l’écran. Cronenberg aime prendre à contre-pied et déjouer les attentes. Il n’est peut-être pas aussi élitiste qu’un David Lynch, mais ses concepts sont régulièrement ésotériques. Pourtant, VIDEODROME peut-être considéré, aujourd’hui, comme un film visionnaire.

La vision d’un monde rempli d’images

Bien avant la vulgarisation de la cyberculture et de l’omniprésence des images en tous genres,

Cronenberg prophétise un monde menacé par le totalitarisme d’un univers virtuel dénué du moindre référent réel, et utilisé comme une drogues aux hallucinations puissantes. Avec son imagerie étrange et ses dérives aussi délirantes qu’hors normes, VIDEODROME présente cette dictature des images qui nous gouverne tous aujourd’hui, mettant en évidence leur aspect sexuel et violent. Ces dérives forment finalement le futur et accouchent d’un homme nouveau qui serait entré en synergie avec la technologie (n’oublions pas que le thème fétiche du cinéaste reste la mutation organique).

Mal reçu à sa sortie et traité comme une série B obscène, indigente et déplacée (le film fut notamment banni dans de nombreux pays pour ses excès « gore »), VIDEODROME reste le grand film prophétique des années 80 qui observe avec quelques décennies d’avance le pouvoir de l’image sur notre inconscient. Après cet échec public, le cinéaste aura le désir de s’ouvrir un peu plus au grand public, préférant s’adonner à des récit plus universels. Et peut-être un peu en avance sur leur temps…

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