Le bûcher des vanités, la satire cinglante de Brian de Palma

Dans les années 90, le cinéma de Brian de Palma commence à être assez incompris. Après une décennie dorée, il remet en question son style, son esprit et ses envies. Comme un symbole, LE BÛCHER DES VANITES ouvre cette nouvelle ère et ne fera pas (du tout) l’unanimité…

Une adaptation libérée des contraintes

Sherman McCoy, gestionnaire de fortune new-yorkais hors pair, a tout pour être heureux. Il possède l’un des postes les plus enviés de Wall Street, un des plus luxueux appartements de Park Avenue, une gentille petite fille qu’il adore, une fortune personnelle et mène une double vie avec sa séduisante maîtresse Maria Ruskin, tout en menant ses activités d’homme du monde au sein du gratin new-yorkais aux côtés de son épouse névrosée Judy, fana de décoration d’intérieur. Mais la vie de rêve de Sherman bascule subitement lorsque, un soir où il raccompagne Maria après être allé la chercher à l’aéroport, il devient complice de sa maîtresse dans un accident de la route. S’étant perdu dans le quartier mal famé du Bronx, Maria, prenant le volant de la voiture de Sherman, renverse un jeune noir dans une rue déserte, le blessant au cours du choc. Ayant pris le jeune noir pour un voleur, ils fuient après l’accident.

LE BÛCHER DES VANITES, c’est l’histoire d’une descente aux enfers, narré avec une grande dose de cynisme. Adapté du roman éponyme de Tom Wolfe, le film se veut bien plus décalé que son matériau

d’origine. Le casting est diablement costaud avec Tom Hanks, Bruce Willis, Mélanie Griffith et Morgan Freeman. Brian de Palma ne gardera d’ailleurs pas un très bon souvenir du tournage à cause de ses nombreux accrochages avec Willis. Dotés de tempéraments forts, les deux hommes n’ont pas beaucoup apprécié leur collaboration…

Une satire incomprise

La chute sera malheureusement lourde pour de Palma. Son film est totalement incompris, récoltant des critiques désastreuses auprès de la presse. La comparaison avec le bouquin, très apprécié, est parfois blessante pour le cinéaste qui voit toutes ses intentions se retourner contre lui. Il a délaissé ici son style « hitchcockien » pour s’emparer d’une esthétique plus libérée, parfois hasardeuse, mais toujours d’une grande beauté plastique. Il n’y a qu’à voir ce fabuleux plan-séquence d’ouverture qui prouve toute la maestria de son art. Le récit, dense et éclaté, est une violente charge contre les élites et pointe les dérives d’un système capitaliste et replié sur lui-même. Comme un symbole (un de plus), le public va lui réserver un accueil glacial et LE BÛCHER DES VANITES de devenir l’un des plus gros échecs de la Warner.

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