Cujo, le saint-bernard enragé de Stephen King

Les 80s, c’est aussi une décennie consacrée à Stephen King dont les oeuvres littéraires sont régulièrement transposées sur grand écran. C’est le cas du grandiose livre CUJO qui devient rapidement un énorme casse-tête à mettre en scène…

Une adaptation qui prend des libertés

Comme souvent chez King, la base du récit est simple, limpide. Un saint-bernard, cette race de chien souvent louée pour sa gentillesse, est mordu par une chauve-souris, se transformant alors en bête enragée. En parallèle, on suit une famille au bord de la rupture à cause d’une infidélité commise par

Donna (Dee Wallace). Piégée avec son petit garçon, Tad (Danny Pintauro), dans sa voiture, elle devra alors surmontée sa peur face à un animal que rien n’arrête. C’est vulgairement résumé, mais toute la matière thématique de l’auteur tient ici, dans ces quelques lignes. Pour mettre en scène sa drôle d’histoire, il désire engager Lewis Teague. Il avait aimé son travail sur le film L’INCROYABLE ALLIGATOR, mais il se heurtera au refus du studio qui préfère engager Peter Medak, un spécialiste du genre.

Toutefois, les obstacles sont nombreux devant cette adaptation. Il faut faire des choix et pas des moindres. L’oeuvre de King est tellement dense qu’une bonne partie de l’intrigue globale se voit amputée, le film se concentrant davantage (presque uniquement) sur la famille Wallace. En l’état, CUJO version cinéma diffère beaucoup de sa base littéraire. Ce qui est surtout difficile, c’est de mettre en images ces longs paragraphes écrits sur l’état du chien qui se dégrade au fur et à mesure. King le détaille avec une telle maestria qu’il est tout bonnement impossible d’être aussi précis dans un film. Sans compter que les effets numériques n’existent pas et qu’un véritable chien sera donc utilisé pour les nombreuses scènes d’action prévues…

Un tournage difficile

Seulement voilà, Medak quitte le tournage au bout de deux jours suite à des désaccords avec les producteurs. Lewis Teague le remplace au pied levé et va se confronter à de nombreuses difficultés. D’abord, il y a la météo. L’histoire est censée se dérouler durant une chaleur étouffante, mais il ne fait malheureusement que pleuvoir à l’extérieur. Les caprices du temps sont difficilement gérés, mais ils ne représentent rien par rapport à la complexité de tourner avec de véritables chiens. Cinq saint-bernard incarnent Cujo à l’écran, mais ils ne s’entraînent pas facilement. Il est parfois impossible de mettre en boîte une scène à cause du manque de volonté d’un des chiens. Teague se creuse la tête, obligé de trouver des parades pour ne pas prendre trop de retard sur le calendrier. Plusieurs têtes de chien sont alors fabriquées pour permettre de « tricher » à l’écran tandis que le cinéaste demande à son équipe technique de construire une version démontable de la voiture immobilisée afin de multiplier les plans à l’intérieur.

Sorti en 1983, CUJO reste l’une des adaptations préférées de Stephen King lui-même. Si le film a un peu vieilli (normal, il va bientôt fêter ses 40 ans), il n’en demeure pas moins qu’il reste efficace. Si la première partie peut sembler un peu longue, elle permet de nous attacher aux personnages principaux, bien interprétés par Dee Wallace, Daniel Hugh Kelly et le jeune Danny Pintauro. Puis, quand vient la seconde partie, autrement plus nerveuse, la caméra se fait plus alerte. Il n’est pas toujours aisé de filmer l’action dans un seul lieu, surtout avec un animal aussi imposant. Lewis Teague s’en sort avec les honneurs et livre une solide adaptation qui restera l’un des souvenirs horrifiques les plus tenaces pour les jeunes spectateurs qui l’ont découvert à l’époque…

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