En 1996, cela fait sept ans que Milos Forman n’a pas dirigé de long-métrage. La dernière fois, c’est en 1989 pour VALMONT. Le réalisateur de VOL AU-DESSUS D’UN NID DE COUCOU et AMADEUS revient alors aux affaires avec un long-métrage totalement libertaire en dressant le portrait du controversé Larry Flint.
Le doute de Forman
De son enfance misérable dans le Kentucky, Larry Flint (incarné par Woody Harrelson) a gagné l’art de la débrouille, le goût d’entreprendre et l’irrépressible désir d’améliorer sa condition. Propriétaire d’un bar à stripteaseuses, il flaire le bon coup et lance en 1974 Hustler, une publication licencieuse qui fait bientôt de l’ombre à Playboy, en ne reculant jamais devant le scandale et l’obscénité. Mais un succès aussi
sulfureux ne pouvait qu’attirer les foudres des dévots : l’Amérique puritaine fera tout pour mettre Larry au pilori… Au départ, Forman refuse un tel projet puisqu’il pense que celui-ci est pornographique ! Il ne prendra même pas la peine de lire le script avant que son agent ne lui dise que le projet est produit par Oliver Stone himself. Forman décide alors d’y consacrer son temps et trouve là une histoire passionnante qui le pousse à revenir derrière la caméra.
L’esprit dénonciateur de Larry Flint
Bien plus complexe qu’il n’y paraît, LARRY FLINT est un film qui dénonce et qui provoque à l’instar de celui dont le destin est narré. Le portrait est subtil : Forman nous montre ce drôle d’homme qui a fait fortune grâce au sexe et aux femmes nues, mais insère sa sympathie manifeste envers ce personnage irrévérencieux qui confronte la société puritaine face à sa propre hypocrisie. On suit ici toutes ses aventures, de ses tragédies personnelles à ses plus grandes victoires, si bien que le film navigue sans cesse entre les codes du biopic et ceux du drame juridique. À 36 ans, Flint est paralysé à vie suite à l’agression d’un Sniper anonyme. Vivant reclus, il sombre dans une forme de dépression mais ne lâche jamais son combat pour la liberté d’expression. « La seule faute que j’ai commise est mon mauvais goût. » dira-t-il à la Cour suprême.
Contre vents-et-marées
Ce film a marqué les esprits, notamment grâce à l’interprétation fabuleuse de Woody Harrelson qui fut finalement choisi après les désistements de Tom Hanks et Bill Murray. Mais il a également fait bondir l’opinion populaire en France à cause de… son affiche (voir ci-dessous). De nombreuses associations catholiques furieuses d’y voir apparaître l’homme d’affaires américain crucifié sur le bas-ventre d’une femme, le drapeau américain enveloppé autour de la taille, portèrent ainsi l’affaire devant les tribunaux, déposant alors plainte contre Milos Forman et la production du film. Une provocation qui épouse totalement les convictions d’un homme qui aura toujours divisé l’opinion.
LARRY FLINT est actuellement disponible sur Amazon Prime Video.
