L’été de Kikujiro, le film autobiographique de Takeshi Kitano

Après le succès critique et public de HANA-BI, le réalisateur – acteur Takeshi Kitano réalise son huitième film intitulé L’ETE DE KIKUJIRO. Il est à un moment de sa carrière où il peut tout se permettre et se décide alors à bousculer les certitudes de ceux qui le suivent.

L’été de Kikujiro, un drôle de road trip

Conscient qu’une image de réalisateur violent lui colle à la peau, il décide donc de changer totalement d’orientation. L’ETE DE KIKUJIRO est certes une comédie dramatique exempte de violence, mais le film reste totalement en phase avec ses précédentes oeuvres (que ce soit au niveau des personnages, de la

musique, de la mise en scène…). On suit ici Masao (Yusuke SEKIGUCHI), un petit garçon qui vit avec sa grand-mère à Tokyo. Son père est décédé et sa mère travaille loin de la capitale. Quand les grandes vacances démarrent et que l’enfant voit tous ses amis partir, Masao décide de prendre la route pour retrouver sa mère. Alors qu’il s’enfuit du domicile familial, il tombe sur une ancienne voisine (Kayoko KISHIMOTO) de sa grand-mère qui ordonne à son petit ami Kikujiro (Takeshi KITANO) de l’accompagner. Truand sans envergure, celui-ci prend d’abord cette mission comme un fardeau…

Kitano et les enfants

Cette distance posée entre l’homme et l’enfant est la même que celle imposée par le cinéaste avec le jeune Yusuke Sekiguchi. En effet, Kitano maintient dans un premier temps cette relation pour maintenir le jeune acteur dans le même climat que le film, mais aussi… parce qu’il n’est pas très à l’aise pour travailler avec des enfants ! Le réalisateur s’en souvenait lors de la ressortie de son long-métrage en 2016. « J’ai auditionné d’autres enfants qui avaient un physique plus avantageux. Et puis je me suis dit : « Ces garçons plus photogéniques seront-ils aussi sympathiques quand nous tournerons ? ». J’ai choisi ce garçon un peu falot au début et auquel on s’attache au fur et à mesure. Au début, Yusuke on ne se parlait pas. Exactement comme nos personnages dans le film. Il m’évitait. Mais à la fin du tournage nos rapports sont devenus plus ouverts. Il faut dire que tourner avec une enfant n’est pas toujours aisé ! ».

Une histoire père-fils

Si certains traits de personnalité se glissaient déjà dans ses précédents films, L’ETE DE KIKUJIRO est le tout premier à être poussé par une démarche authentiquement autobiographique. Par exemple, le nom du protagoniste, Kikujiro, n’est pas anodin puisque c’était celui du père de Kitano. Un père avec lequel il a eu très peu d’échanges tout en entretenant une relation assez froide. Incarner ce personnage relevait d’une importante symbolique pour le cinéaste qui voyait là, en quelque sorte, une façon de se rapprocher de son défunt père. Tout en essayant de mieux le comprendre. « Le personnage principal est un homme d’une cinquantaine d’années qui refuse d’admettre sa déchéance. Il se pose des tas de questions. C’est
quelqu’un, sentimentalement, de très maladroit. Il ne sait jamais quoi dire à cet enfant de neuf ans, Masao, qui durant les vacances d’été, débarque dans sa vie sans prévenir. Je voulais que (ce film) soit un road movie, à pied, car quand on marche, pas à pas, le temps passe différemment. « .
Comme celui d’une oeuvre à la beauté touchante qui reste l’une des plus belles de son auteur.

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