Critique de CREED 3

En 2015, on pouvait grandement s’interroger sur le projet CREED, spin-off sur le rejeton illégitime d’Apollo Creed, l’ami de Rocky Balboa incarné à l’écran par Carl Weathers. Symbole d’un système hollywoodien qui s’abime dans la redite, ce fut finalement l’une des plus belles surprises de ces dernières années grâce à la compétence de son initiateur (le réalisateur Ryan Coogler qui est venu en personne convaincre Sylvester Stallone) et cette sincérité évidente qui contaminait tout l’écran.

Ce qu’on pourra dire de cette trilogie CREED, c’est qu’elle a fonctionné avec cohérence tout en respectant son héritage. Ce troisième opus est une prise de risque à tous les niveaux car l’ombre du grand Sylvester Stallone ne plane plus. L’acteur avait confié son envie d’arrêter de jouer le célèbre boxeur avant de faire une déclaration récemment concernant la direction trop sombre prise par ce troisième film. Ce qui expliquait son absence. Ou pas. Bref, on ne saura jamais vraiment. Toujours est-il que l’affranchissement d’Adonis Creed est d’une totale limpidité. Le premier volet montrait l’ascension de ce jeune homme prêt à tout pour obtenir sa place. Le suivant appuyait l’idée d’une revanche personnelle tout en appuyant sur le fait qu’il est important de laisser le passé derrière soi. Une idée reprise dans CREED 3 qui ne fait pas long feu : le passé vous revient en pleine face quand vous vous y attendez le moins.

Que ce soit le poids d’un nom ou les cicatrices antérieures, le parcours d’Adonis est intrinsèquement lié aux conséquences du passé. C’est encore le cas ici puisqu’un ancien ami du boxeur revient jouer les troubles-fêtes : Damian, joué par un Jonathan Majors décidément imposant. Michael B.Jordan, réalisateur pour la première fois, joue avec cette figure antagoniste pour nous présenter un double d’Adonis : voilà ce qui aurait pu lui arriver si son destin avait été contrarié. Dès lors, on comprend facilement la psychologie de Damian et sa rage de vaincre. Dans une sorte de dangereuse bascule, le néo-cinéaste

nous met face à un drôle de dilemme dans lequel on peut se demander qui a raison ou tort. Certainement inspiré de son rôle dans BLACK PANTHER où il interprétait l’ennemi du héros, Killmonger, il nous présente un personnage dont on peut comprendre les intentions tout en dénonçant la méthode.

Ici, Adonis Creed doit se relever lui-même et prouver qu’il n’a pas volé ce qu’il a obtenu. Il doit s’en sortir seul, avec sa propre conscience. CREED 3 jouit de cette situation avec une dynamique parfaitement maîtrisée où tous les codes de la saga sont respectés. Ce qui ne l’empêche pas d’être parfois déroutant, notamment pour les combats de boxe qui trouvent ici un nouvel éclat avec quelques visions surprenantes mais tout à fait pertinentes. Les émotions sont prégnantes et entourent un projet parfaitement cadré qui, s’il ne déborde jamais vraiment, parvient sans mal à nous convaincre qu’il est en droit d’exister par lui-même. À l’instar d’Adonis qui n’a désormais plus besoin de Rocky pour exister. C’est ce qu’on appelle une jolie passation de pouvoir.

AVIS GLOBAL : Un troisième opus bien écrit et bien filmé qui prolonge habilement les thèmes de la saga tout en abordant d’autres en phase avec certaines interrogations actuelles. Le duel entre Michael B.Jordan et Jonathan Majors tient toutes ses promesses et nous offre une dualité complexe.

NOTE :

Note : 3.5 sur 5.

CREED 3 est actuellement disponible dans les salles de cinéma.

Laisser un commentaire