La cité de Dieu, une oeuvre incontournable au coeur des Favelas

En 2002, le réalisateur Fernando Meirelles réalise un film choc qui marquera durablement les esprits. Plongeant à l’intérieur des favelas, endroits où la criminalité et la misère sont reines, il met en scène un véritable drame, poignant et fondamentalement incontournable. 

Un récit édifiant

En un peu plus de deux heures, le récit qui nous est montré est d’une grande pertinence. Nous sommes à la fin des années soixante. « Fusée » est un gamin de onze ans de la Cidade de Deus, une banlieue de Rio. Frêle et timide, il observe le ballet des jeunes durs de son quartier, leurs chapardages, leurs rixes, leurs heurts quotidiens avec la police. Il sait déjà ce qu’il deviendra, s’il survit à toutes ces violences : photographe…
« Petit Dé », un enfant du même âge, emménage dans la Cité. Il rêve, quant à lui, de devenir le plus grand criminel de Rio. « Petit Dé » commence son apprentissage en rendant de menus services à la pègre locale. Il admire « Tignasse » et son gang, qui arraisonnent les camions et cambriolent à tout va. « Tignasse » donne à « Petit Dé » l’occasion de commettre un meurtre, le premier d’une longue série.

Les années soixante-dix. « Fusée » poursuit ses études, travaille à l’occasion, se cherche et hésite entre le crime et une vie « respectable ». « Petit Dé », lui, a choisi. Il ne restera pas longtemps un petit gangster, car il a compris que le trafic de coke lui serait infiniment plus profitable que le cambriole. Il monte son propre business, vite florissant.

Au début des années quatre-vingt. Après quelques tentatives de vol à main armée, « Fusée » déniche enfin une caméra et réalise son rêve

d’enfance. « Petit Dé » a concrétisé ses ambitions. À 18 ans, il se fait appeler « Petit Zé », et passe pour être le plus redoutable dealer de la ville. Il fait la loi dans la favela, entouré de ses copains d’enfance et d’une armée de gosses de 9 à 14 ans. Personne ne conteste son pouvoir… jusqu’au jour où « Manu Tombeur » entre en scène. Receveur de bus, ce dernier a vu sa petite amie se faire violer, et décide de faire la peau a « Petit Zé ». Une bande d’enfants se forme en quelques heures, animée des mêmes intentions. La guerre éclate dans la Cidade de Deus…

Un réalisme qui bouscule

LA CITE DE DIEU ne fut pas seulement un film d’auteur faisant le tour des festivals pour mettre en lumière la pauvreté brésilienne. Non, l’évocation sanglante et psychologique de cette guerre des gangs entraîna des débats sociaux très importants pour la société brésilienne : débats télévisés, larges tribunes dans les journaux, soulèvement sociétal… Même le président Lula est une illustration de l’apartheid social.

Aujourd’hui encore, le film est d’une pertinence implacable, mettant en évidence le drame que représente le déterminisme. Les jeunes acteurs de l’époque, Alexandre Rodrigues et Leandro Firmino da Hora, y sont également pour beaucoup dans cette impression de réalisme accru. 

A sa sortie, le succès fut de taille. Son budget de 3 millions de dollars fut largement remboursé. En tout, le film amassera plus de 27 millions de dollars de recettes mondiales. En France, il rassemblera 180 631 cinéphiles. LA CITE DE DIEU vécut ensuite une seconde vie assez dense sur le marché de la vidéo et, comme on l’a dit plus haut, au niveau sociétal. ​

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