Basic Instinct, le thriller trouble et provocant de Paul Verhoeven

Après TOTAL RECALL, Paul Verhoeven poursuit sa carrière américaine en mettant en scène le scénario imaginé par un ancien journaliste, Joe Eszterhas. Ce thriller rempli de tensions sexuelles fera couler beaucoup d’encre et hissera Sharon Stone au rang de star.

L’histoire d’une collaboration unique

Nick Curran (Michael Douglas), inspecteur de police à San Francisco, enquête sur le meurtre d’une star du rock, Johnny Boz, tué de trente et un coups de pic à glace par une inconnue alors qu’il faisait l’amour. Nick

apprend que le chanteur fréquentait Catherine Tramell (Stone), riche et brillante romancière. Au cours de son enquête, il s’aperçoit que les parents de Catherine sont morts dans un accident suspect, que son professeur de psychologie a été assassiné dix ans plus tôt à coups de pic à glace et qu’enfin, une de ses meilleures amies a, en 1956, tué ses trois enfants et son mari.

BASIC INSTINCT est un peu la rencontre explosive entre diverses personnalités particulièrement effrontées. On a, d’un côté un scénariste cocaïné qui n’hésite pas à partir dans de drôles d’extrêmes, un producteur, Don Simpson, particulièrement friand de ce genre de high concept rapidement identifiable (et parfaitement troublant) puis on a Paul Verhoeven, un cinéaste provocateur, satiriste et rigoureux. BASIC INSTINCT devient, par la force des choses, une oeuvre insaisissable, une sorte de thriller néo-noir qui cite les déformations visuelles d’un Brian de Palma et les visions iconoclastes de son réalisateur. C’est bien simple : tout y est tellement cadré que tout le monde tentera de retrouver l’essence de ce film sans jamais y parvenir.

Un parfum de scandale

À sa sortie, le film fut jugé comme purement commercial et son immense succès au box-office confirmera cette tendance. Pourtant, on assiste ici à un véritable geste artistique dans lequel Verhoeven appose sa patte tout en assumant ses dérives vers le mauvais goût. Si certaines scènes explicites s’avèrent

finalement assez grotesques, il y a une volonté de bousculer (à sa manière) le puritanisme anglo-saxon à l’aide de malicieuses provocations. Le cinéaste ne fait pas des films pour plaire, mais désire au contraire emmener les spectateurs là où il ne s’y attend pas. La bien-pensance hollywoodienne regarde d’un drôle d’oeil cet objet hanté par la sexualité et la violence. La censure va d’ailleurs rapidement éclore, de nombreuses associations se révoltant contre le film avant même sa sortie.

Transcendé par la virtuosité indéniable de la mise en scène, BASIC INSTINCT est plus qu’un simple doigt d’honneur à l’industrie ou un thriller classique. Il représente aussi le terrain de jeu parfait pour une Sharon Stone au sommet de son art qui ne fera plus jamais aussi fort par la suite. L’actrice parvient à faire cohabiter cet aspect vénéneux délectable, une érotisation parfois explicite tout en demeurant une véritable énigme. Cette oeuvre ne pouvait qu’être unique et c’est ainsi que la suite, réalisée quatorze ans plus tard par Michael Caton-Jones, se planta monstrueusement.

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