Le Privé, le personnage de Philip Marlowe vu par Robert Altman

Le privé Philip Marlowe est revenu sur le devant de la scène cette année avec le film MARLOWE, dans lequel Liam Neeson incarne le personnage. Dans les seventies, c’est Elliott Gould et Robert Altman qui réinventent Marlowe dans un Los Angeles hippie avec le dénommé LE PRIVÉ.

Un romancier exigeant

De son vivant, Raymond Chandler s’est bien sûr frotter à Hollywood, mais a toujours mis une barrière invisible entre son oeuvre littéraire et les scénarios qu’il écrivait. Il n’a ainsi jamais travaillé directement à

la transposition de son Marlowe sur grand écran. Chez Chandler, la fin justifie rarement les moyens et la résolution de l’enquête – s’il y en a une – n’est jamais vraiment à la hauteur des attentes suscitées. Le point final ne vient pas forcément clore une histoire, il laisse en suspens ses personnages pris au piège d’une intrigue qui s’est repliée sur elle-même. L’auteur n’a jamais cherché à vendre différemment son univers. Il déclara à l’époque. « Marlowe n’est pas un être réel. C’est un personnage imaginaire. Il est dans une position fausse parce que c’est moi qui l’y ai mis. Dans la vie réelle, un homme de son espèce ne serait pas plus détective privé qu’il ne serait professeur d’université.« .

Une version appréciée

En 1973 est donc produit LE PRIVÉ, adaptation réalisée par Robert Altman qui, de son propre aveu, n’était pas très friand des romans. Il avait notamment refusé plusieurs fois le projet avant d’y trouver un certain intérêt personnel. Lors de la sortie du film, il dira. « C’est un personnage qui sort d’un sommeil de vingt ans. Il ne peut pas avoir de prise sur le monde qui l’entoure. Dès le prologue, je voulais prévenir le public qu’il n’allait pas voir le Marlowe qu’il attendait, qu’il connaissait.« . Mais le spectateur d’alors, percuté par le Nouvel Hollywood, avait-il envie de renouer avec un héros du passé ? L’échec du film répondra à cette question. Pourtant, la critique l’encensera, le NEW YORKER titrant même que LE PRIVÉ est « probablement le meilleur film américain de tous les temps ».

Exit donc les précédentes adaptations, notamment LE GRAND SOMMEIL avec Humphrey Bogart, la plus reconnue. Elliott Gould s’attire toutes les éloges et les choix narratifs d’Altman sont loués. « Pour bien adapter Chandler au cinéma, il faut le trahir. Chose que s’est interdite Howard Hawks, trop focalisé sur les péripéties du roman. Or, Chandler n’est pas un auteur d’action, il est dans l’observation d’un monde en décomposition.« . On notera également qu’un certain Arnold Schwarzenegger signe là l’une de ses premières apparitions à l’écran, muscles saillants et slip jaune ridicule mis en avant (voir ci-dessous). Quoi qu’il en soit, la version d’Altman restera la plus célèbre même si Robert Mitchum reprendra lui aussi les oripeaux de Marlowe dans ADIEU MA JOLIE deux ans plus tard.

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