Spectre, Sam Mendes plonge Bond en plein chaos

À sa sortie en 2015, SPECTRE devait être une sorte d’apothéose, ce dernier grand morceau de bravoure pour Daniel Craig qui, s’il n’avait pas complètement fermé la porte pour continuer, était tout de même sur le point de dire ses Adieux à James Bond.

Cette fois, Bond veut son face-à-face avec l’homme qui est derrière la fameuse organisation du SPECTRE. Durant la première heure, le film de Sam Mendes est impressionnant et renoue avec l’esprit de la saga, délaissant durant un temps la dramaturgie pure pour enfiler les séquences haletantes. L’intro est l’une des meilleures de toute la saga. Dans ce (faux) plan-séquence inaugural, Bond déambule en pleine fête des morts avant de faire exploser un bâtiment et de terminer son combat à bord d’un hélicoptère. Démesurées et impressionnantes, ces quinze minutes forment une entame parfaite.

Jusqu’où doit aller Bond ? Quel sacrifice est-il prêt à faire pour aller au bout de sa mission ? D’ailleurs, de quelle mission parle-t-on ? Car l’agent est rapidement hors des clous et avance en solo. SPECTRE fonctionne à plein sur cette idée et laisse dans l’ombre celui qui tire toutes les ficelles. La mise en scène de Mendes le fait même littéralement puisqu’on le rencontre dans la pénombre, ne distinguant pas son visage. Derrière cette ombre, c’est Christoph Waltz qui prête ses traits au grand antagoniste de l’ère Craig.

Puis le script bascule lentement. Comme une métaphore de la suite, la voiture de Bond finit dans les eaux, noyée par l’action. L’histoire renoue avec les sentiments, et Bond de craquer pour la fameuse Madeleine Swan, interprétée par la discutable Léa Seydoux. Discutable car elle semble peu à l’aise avec ce rôle et on ne peut s’empêcher de comparer le gouffre qui la sépare de la superbe Eva Green dans CASINO ROYALE. On ne sait d’ailleurs pas trop à quel moment Bond tombe amoureux d’elle, mais c’est bien le cas. À partir de là, SPECTRE n’est plus vraiment pareil. Et la rencontre avec Franz Oberhauser va décevoir encore davantage.

Là aussi, Waltz joue à contre-courant. La séquence de torture est peu réussie et, une fois de plus, je n’ai pu m’empêcher de repenser à celle de CASINO ROYALE qui est autrement plus frappante. Quoiqu’il en soit, les histoires familiales semblent réellement incongrues ici et le spectaculaire climax ne changera rien. Ce dénouement est décevant et c’est cette impression qui restera gravée chez de nombreux spectateurs.

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