Le coin des mal-aimés : 10 000

Dans cette rubrique, je me penche sur ces films qui sont considérés comme « mauvais » ou « ratés », en somme les mal-aimés du cinéma. Le box-office ne sera pas donc pas le seul critère car seule compte l’opinion populaire ici. À la fin, je pose une question simple : le mal-aimé est-il vraiment un raté ou peut-on le réhabiliter ?

10 000 réalisé par Roland Emmerich (2008)

Ça raconte quoi ? 10 000 ans avant notre ère, au coeur des montagnes… Le jeune chasseur D’Leh aime d’amour tendre la belle Evolet, une orpheline que sa tribu recueillit quelques années plus tôt. Lorsque celle-ci est enlevée par une bande de pillards, D’Leh se lance à sa rescousse à la tête d’une poignée de chasseurs de mammouths. 

Le contexte : Si les films de Roland Emmerich ont régulièrement essuyé des critiques négatives, le cinéaste peut se targuer d’attirer le public. Après le carton de son film catastrophe LE JOUR D’APRES (542,7 millions de dollars de recettes pour 125 millions de budget), il peut poursuivre avec le projet de son choix. La Warner Bros lui offre 105 millions de dollars pour un road-trip en pleine Préhistoire qui axe toute sa promotion sur le gigantisme et les effets spéciaux.

Pourquoi c’est un mal-aimé ? Avec 269 millions de dollars de recettes, le film est plus ou moins rentable, mais le retour de bâton s’avère assez virulent cette fois pour Emmerich. Il s’attire la foudre des historiens à cause de ses nombreux anachronismes et approximations tandis que les spectateurs s’ennuient poliment devant un récit remplit de trous d’air et des personnages peu attachants. Du côté des critiques, c’est sans surprise la douche froide. Aujourd’hui, on a l’impression que 10 000 est tombé dans les oubliettes à l’inverse des autres blockbuster du cinéaste (STARGATE, INDEPENDENCE DAY, THE PATRIOT, GODZILLA, 2012,…). Et les notes spectateurs sont spectaculairement basses sur les sites spécialisés (1,8 / 5 sur Allociné, 4,1 / 10 sur Sens Critique).

Vraiment raté ou réhabilité ? Ma première et unique vision de ce film remontait à l’époque de la sortie et ce n’était clairement pas un souvenir mémorable. En le revoyant, je dois bien admettre que j’ai passé un agréable moment devant 10 000, peut-être parce que je l’ai regardé avec un certain détachement. Il faut le voir comme une uchronie, ce genre de récit fictif qui prend racine dans la véritable Histoire. Emmerich ne cherche jamais à respecter une certaine forme de chronologie ou de cohérence spatio-temporelle, mais désire surtout amener son sens du spectacle à une époque très lointaine. Il y a de très beaux moments de bravoure (la chasse aux mammouths, la chasse dans la jungle, la bataille finale) et quelques plans de toute beauté sur une nature splendide. D’un autre côté, il y a aussi une intrigue peu subtile et des personnages grossièrement écrits. Mais cela n’entache pas le plaisir naïf pris devant 10 000 qui est loin d’être l’un des pires blockbusters des années 2000…

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