Les promesses de l’ombre, une plongée dans la noirceur de l’âme humaine par David Cronenberg

Succédant à l’excellent A HISTORY OF VIOLENCE, LES PROMESSES DE L’OMBRE est un autre grand film réalisé par David Cronenberg, confirmant l’aisance du cinéaste à transformer les romans célèbres ou les scénarios des autres en films éminemment personnels. 

Ecrit par Steven Knight, le futur créateur de la série PEAKY BLINDERS, LES PROMESSES DE L’OMBRE montre toute la complexité des personnages et de leurs relations. Bouleversée par la mort d’une jeune fille qu’elle aidait à accoucher, Anna (Naomi Watts) tente de retrouver la famille du nouveau-né en s’aidant du journal intime de la disparue, écrit en russe. En remontant la piste de l’ouvrage qu’elle tente de faire décrypter, la sage-femme rencontre Semyon (Armin Mueller-Stahl). Elle ignore que ce paisible propriétaire du luxueux restaurant Trans-Siberian est en fait un redoutable chef de gang et que le document qu’elle possède va lui attirer de sérieux problèmes… Pour Nikolai (Viggo Mortensen), chauffeur et homme de main de la toute-puissante famille criminelle de l’Est, c’est le début d’une remise en cause.

Mis en scène avec une grande virtuosité, LES PROMESSES DE L’OMBRE est une oeuvre hors normes dans laquelle Cronenberg parvient à concilier austérité, exigence et une certaine ouverture populaire. Il ne fait toutefois aucune concession et plonge dans les méandres de l’âme humaine avec une noirceur conséquente. Comme dans A HISTORY OF VIOLENCE, Cronenberg se livre à une réflexion sur la vérité et les apparences avec ce besoin de s’inventer une autre identité pour devenir soi-même, tout en comprenant que le passé est une ombre que rien n’efface? Cronenberg questionne ici la mémoire et de l’identité (inscrite dans le corps même de ses héros, machine programmée pour tuer ou couvert de tatouages).

Avec A HISTORY OF VIOLENCE et LES PROMESSES DE L’OMBRE Cronenberg a tourné deux histoires qui se complètent et s’assemblent dans un effet miroir renversant. Les codes du western, du mélodrame et du film noir sont ici non pas transcendés mais enrichis par les éternelles obsessions de Cronenberg sur la confusion sexuelle, le plaisir, la souffrance, le conflit intérieur, des thématiques qui sont incarnées par un immense Viggo Mortensen. Son interprétation transcende une oeuvre crépusculaire qui possède l’un des corps à corps les plus fabuleux et surprenants jamais filmés : Viggo Mortensen, nu comme un ver, affronte deux tueurs tchétchènes venus l’égorger dans un bain public. Un instant sec, nerveux, mémorable, tout comme le film tout entier qui reste l’un des meilleurs de son auteur.

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