L’énorme campagne anti-EMPIRE DU MILIEU peut avoir deux effets : soit vous n’allez pas voir le film, soit vous y allez pour vérifier ce que vous avez lu. Ou pas. Je n’oublie pas ceux qui ont envie de le voir bien sûr et les autres qui ont encore un (maigre) espoir qu’une adaptation en live d’ASTERIX soit à la hauteur (un exploit qui n’est plus arrivé depuis MISSION CLEOPATRE). Bref, le film de Guillaume Canet a forcément fait parler de lui, y compris pour son énorme budget estimé à 65 millions d’Euros.
Assassiné par la presse et le public, ce nouveau volet d’ASTERIX m’a fait gonfler l’égo : et si, face aux vents contraires, moi j’y trouvais mon compte ? Et si L’EMPIRE DU MILIEU n’était pas si horrible que ça et que, dans le fond, Guillaume Canet avait réussi son pari ? Et si j’étais l’un des seuls à défendre l’oeuvre d’un artiste qui sait ce qui fait et qui a été injustement descendu par l’opinion populaire ? Alors oui, les bandes-annonces n’étaient pas emballantes (pour ne pas dire nulles), mais tout le monde a le droit à l’erreur, non ? En toute honnêteté (et un brin naïvement, je vous l’accorde), j’ai vu le film dans l’optique de l’aimer. Vraiment. La chute est à la hauteur de mon ambition…
C’est scientifique, l’humour est subjectif. Si je ne ris pas aux pitreries débilitantes d’un défilé de « vedettes », c’est peut-être parce ça ne me touche pas. Mais si une salle pleine à craquer, avec enfants, parents et grands-parents, ne rit pas, le détail me semble un peu plus imposant. Le plus triste ? C’est que le silence de mort s’est étendu sur les deux heures de métrages. J’ai pourtant vu de nombreuses comédies affligeantes (coucou LES TUCHE, ALADIN, LES PROFS), mais certains spectateurs y étaient sensibles. Là, ce fut le néant. Une expérience qui rend compte d’un fait terrible : L’EMPIRE DU MILIEU n’amuse pas. Au bout d’une vingtaine de minutes, mon envie d’aimer avait malheureusement disparu :
Canet est insupportable en Asterix, le montage est catastrophique (ce long flash-back inutile peu après l’entame), l’histoire n’a aucun sens et les caméos sont proprement insupportables. Le reste ne parvient jamais à redresser la barre puisque le réalisateur, dans son envie de provoquer le rire par tous les moyens possibles, enchaîne les situations gênantes où les acteurs sont obligés de surjouer pour espérer décrocher un sourire aux spectateurs (la dispute entre Asterix et Obelix est un sommet du genre). C’est peine perdue.
Cette forme d’insouciance et de spontanéité est un gros problème des adaptations en live d’une des bandes dessinées les plus célèbres de France. On ne la retrouve que dans MISSION CLEOPATRE, mais également dans le tout premier film de Claude Zidi qui était clairement dans le bon ton. Alain Chabat a, de son côté, maitrisé comme personne l’art du caméo, de l’humour décalé et du jeu de mots. Ce qu’il a entraîné a fait sombrer la franchise (malgré lui) : tout le monde veut désormais jouer dans la même cour en oubliant qu’il faut avant tout y mettre sa propre personnalité. Canet n’en a visiblement pas ici et se trompe à tous les étages, y compris côté casting : si on peut sauver Gilles Lellouche en Obélix et Vincent Cassel en César, on peut difficilement pardonner la prestation inconsistante de Marion Cotillard et celle de Jonathan Cohen dans un style qui le rapproche bien trop de ce qu’il fait à la télévision. Et je ne parlerai même pas des caméos qui sont, au mieux, inutiles (Orelsan, Franck Gastambide) au pire ridicules (Angèle en Falbala, Zlatan Ibrahimovic). Résultat, L’EMPIRE DU MILIEU n’a aucune véritable intention.
Et c’est bien dommage car avec davantage de sérieux et de maîtrise, on aurait pu avoir un bien meilleur film. Quelques scènes de combats sont plutôt bien fichues tandis que certains plans soignés nous rappellent que beaucoup d’argent a été mis sur la table et qu’autant de millions sont capables de nous offrir un spectacle décent à l’écran. Ce qui n’est malheureusement pas le cas ici. À la fin de la séance, on est un peu K.O et sûr d’au moins une chose : on n’est vraiment pas pressé de revoir une autre adaptation en live d’ASTERIX.
AVIS GLOBAL : L’EMPIRE DU MILIEU peut laisser beaucoup de regrets, tant il avait les moyens de redresser la barre pour nous offrir une adaptation en live convaincante. À la place, on se retrouve avec un humour bas de gamme, une histoire peu intéressante et des acteurs en totale roue libre.
NOTE :
ASTERIX ET OBELIX, L’EMPIRE DU MILIEU 1h51
Actuellement disponible dans les salles de cinéma.
