Guet-apens, Steve McQueen et Ali MacGraw en pleine cavale

Quelques mois après l’avoir dirigé dans JUNIOR BONNER, LE DERNIER BAGARREUR, le réalisateur Sam Peckinpah retrouve Steve McQueen pour aboutir à l’un des films les plus marquants des 70s.

Une violence dérangeante

Doc McCoy (McQueen), un prisonnier, obtient sa libération grâce à l’intervention d’un truand notoire, Jack Benyon (Ben Johnson), qui a besoin de ses services pour organiser le braquage d’une banque. Une fois le braquage commis, McCoy s’aperçoit que Benyon veut le faire supprimer. Lors d’un face-à-face avec lui, Carol (Ali MacGraw), la femme de Doc, tire sur Benyon et le couple prend la fuite avec le butin. GUET-APENS est l’adaptation d’un roman écrit par Jim Thompson et publié en France en 1959 sous le titre LE LIEN CONJUGAL. C’est le premier scénario du débutant Walter Hill qui tournera ensuite son premier film trois ans plus tard avec Charles Bronson intitulé LE BAGARREUR.

Calibré comme un excellent film de casse doublé porté par un couple de malfaiteurs, GUET-APENS ne se contente pas d’être une succession de morceaux de bravoure réalisés avec maestria par Peckinpah : le film regorge de scènes d’action très réussies comme le braquage de la banque, la poursuite d’un voleur dans une gare ou le règlement de compte final. Visuellement, le film va être un modèle maintes fois recopié. Il y a également une véritable réflexion ici sur la notion de violence, un thème cher au cinéaste. À sa sortie, elle choqua les spectateurs et fut interrogée : est-ce de la violence est gratuite ou dénonciatrice ? Au-delà des scènes de fusillade, c’est bien les propos qui ont dérangé : sexualité sous-jacente, violence conjugale, tromperie, sensualité et mépris de l’autre ornent l’oeuvre du réalisateur alors même que l’auteur du roman fut écarté du projet à cause de sa vision jugée « trop noire » !

L’histoire d’un couple

Au-delà de ses grandes qualités de mise en scène, ce qui rend GUET-APENS vraiment passionnant c’est bien l’étude du couple formé par Steve McQueen et Ali MacGraw, qui se double d’une évidente mise en

abyme. On sait que le tournage marqua le début de leur liaison passionnelle et orageuse, et il semblerait que dans une scène Ali MacGraw a réellement peur de McQueen lorsqu’il lève la main sur elle. GUET-APENS est aussi perçu comme une histoire d’amour et pose même cette question : Jusqu’où une femme peut-elle aller par amour ? Peckinpah ne délimite pas, mais il rend compte de l’évidence. Beaucoup plus loin qu’un homme…

Avec son final devenu culte, GUET-APENS marquera une étape stylistique importante pour le cinéma US. Après LA HORDE SAUVAGE et LES CHIENS DE PAILLE, Sam Peckinpah apporte une nouvelle pierre à son édifice alors que Steve McQueen renforce un peu plus son statut avant de tourner pour Franklin J.Schaffner dans PAPILLON.

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