La Momie, la trilogie qui a fait de Brendan Fraser une star

Le mythe de LA MOMIE est l’un des plus ancrés dans la culture populaire. Quoi de plus effrayant qu’un mort enterré il y a plusieurs milliers d’années revenant subitement à la vie ? Un concept fort inspiré d’un des fondements de l’Histoire Egyptienne. L’intêret de la population autour de cette dernière prend sa racine dans une Histoire plus large remontant à l’époque napoléonienne où le mythe de la Momie commença à plaire au public de masse (notamment à travers les livres, la peinture, le théàtre). Plusieurs décennies plus tard, UNIVERSAL redonne vie à la Momie avec ses fameux « UNIVERSAL MONSTERS », célèbre représentation réalisée par Karl Freund avec l’inoubliable Boris Karloff.

En 1992, c’est le producteur James Jack qui décide de remettre sur pied la créature dans une nouvelle version qui mettra sept ans à aboutir. Et qui fera le plus grand bien au studio UNIVERSAL, englué dans des problèmes financiers importants…

LA MOMIE réalisé par Stephen Sommers (1999)

Lorgnant clairement vers des aventures trépidantes à la INDIANA JONES, ce premier volet de la trilogie oscille entre l’horreur sourde et le divertissement familial. Conquis par le traitement proposé par Stephen Sommers, UNIVERSAL concède 80 millions de dollars au cinéaste pour offrir une version visible par le grand public qui ne cache toutefois pas ses intentions ténébreuses. Le script reprend clairement

de nombreux éléments du film de 1932 réalisé par Freund, notamment l’histoire d’amour centrale entre Imhotep et Ankh-Soun-Amoun. Le cinéaste décide de voir les choses en grand et n’hésite pas à agrandir son panorama pour mettre en scène un spectacle qui impressionnera les spectateurs. Il sait également que de solides comédiens sont primordiaux pour garantir un attachement du public à l’histoire narrée. Rachel Weisz est choisie pour incarner l’intrépide Evelyn tandis que Brendan Fraser marquera les esprits en Rick O’Connell, véritable aventurier aussi cool qu’instinctif qui n’hésite pas à dire tout haut ce qu’il pense. Le duo fonctionne à merveille, bien supplée par d’excellents seconds couteaux (comme John Hannah en frère d’Evelyn). L’alchimie est évidente, conférant à LA MOMIE un plaisir immédiat qui n’a d’égal que sa réussite technique. Le film fera évidemment beaucoup parler de lui grâce à sa technologie numérique révolutionnaire confectionnée par ILM. À sa sortie, les spectateurs seront très impressionnés par le réalisme du monstre qui servirait presque de préambule à l’incontournable Motion Capture utilisée trois ans plus tard pour LE SEIGNEUR DES ANNEAUX sur Gollum.

Encore aujourd’hui, c’est difficile de ne pas prendre un pied monstre devant LA MOMIE. Bien sûr, les effets visuels sont beaucoup moins marquants qu’il y a vingt-trois ans, mais s’avèrent plus agréables que l’opus suivant qui baigne dans la surenchère. Le mystère, les joutes verbales, les visites de tombes maudites, la matérialisation humaine progressive de la momie, les séquences d’action, le casting… Tous ces éléments sont mélangés avec habileté pour accoucher d’un film d’aventures jouissif qui renoue avec son passé à l’aide des technologies du futur. Au passage, ce qu’on appelle l’Egyptomanie (mot qui désigne la facination pour l’Egypte antique) est bien relancée. Le box-office dépassera toutes les espérances du studio : 415,7 millions de dollars de recettes mondiales (dont 3,2 millions d’entrées en France) et un carton absolu sur le marché vidéo qui stimuleront d’autant plus les ambitions de franchise.

LE RETOUR DE LA MOMIE réalisé par Stephen Sommers (2001)

Par définition, une suite doit faire plus fort que le précédent. Voilà un credo qui se mesure par la multiplication des enjeux et une ambition visuelle plus grande. UNIVERSAL gonfle encore le budget (100 millions de dollars) et Sommers, sûr de sa force, ne va se dégonfler devant aucun obstacle pour sa séquelle. Outre le retour de la momie, arrivent le terrifiant Roi Scorpion (dans tous les sens du terme) et son impitoyable armée d’Anubis. Le casting est évidemment bien présent et il faut alors s’attacher la ceinture pendant plus de deux heures. Tout va vite (très vite), d’une introduction démesurée dans l’Egypte antique, jusqu’à la course-poursuite à Londres en passant par une découverte du couple O’Connell (aidé, cette fois, par leur fils) et l’inévitable résurrection d’Imhotep. Le scénario englobe le

maximum de personnages, surdose ses sous-intrigues et abuse de manière outrancière du deus ex machina. Le visuel est à l’avenant : Deux décennies plus tard, LE RETOUR DE LA MOMIE dégouline d’images numériques ratées qui n’étaient déjà pas somptueuses à la sortie du film. Aujourd’hui, certains passages sont totalement ridicules, en témoigne l’aspect lamentable du Roi Scorpion qui possède le faciès d’un certain Dwayne Johnson. C’est le point le plus évident, mais il y a en a d’autres tout au long du métrage qui marquent les limites de cette imagerie à l’époque.

Cette suite est moins attachante que la première et se montre trop excessive pour retrouver la fraîcheur limpide du précédent opus. Certes, l’ambition de Sommers est louable. La générosité du film n’est pas à remettre en question (il nous propose tout de même un climax d’anthologie avec, notamment, une bataille efficace contre l’armée d’Anubis), mais il est difficile de retrouver l’esprit décomplexé du précédent. En l’état, LE RETOUR DE LA MOMIE reste un film d’action classique, mais sympathique qui fera lui aussi un triomphe au box-office avec des recettes s’élevant à 432,9 millions de dollars.

LA MOMIE 3, LA TOMBE DE L’EMPEREUR DRAGON réalisé par Rob Cohen (2008)

Plus de sept ans après le deuxième film, LA MOMIE 3 arrive seulement dans les salles. Sept années durant lesquelles UNIVERSAL a changé trois fois de réalisateur : il y eut d’abord le retour de Stephen Sommers qui n’arrivait pas à trouver le bon angle pour cette troisième histoire. Trop lent, le studio décida de confier le poste à Joe Johnston (qui venait de travailler avec le studio sur JURASSIC PARK 3). Celui-ci ne parviendra pas non plus à trouver sa place. C’est finalement Rob Cohen qui réalisera le film, lui qui a connu son heure de gloire avec DAYLIGHT et, surtout, FAST AND FURIOUS (et oui, c’est lui qui a réalisé le tout premier opus). D’abord intitulé LA REVANCHE DE LA MOMIE, ce nouveau volet va subitement déménager et laisser tranquille Imhotep ainsi que l’Egypte (le concept de cette « revanche » sera néanmoins repris pour une attraction). Direction la Chine et un empereur tyrannique incarné par le virevoltant Jet Li. Les dirigeants d’UNIVERSAL sont conquis (c’est évidemment une aubaine pour glaner des millions sur le marché chinois) et la production peut alors se mettre en route avec une enveloppe de 175 millions de dollars !

Rachel Weisz refuse tout net une nouvelle participation. Le studio s’en accommode et la remplace par Maria Bello (et c’est quand même beaucoup moins bien). Mais impossible de se passer de Brendan Fraser qui représente, aux yeux du grand public, l’âme de cette franchise. L’acteur n’est pas super emballé, mais un énorme chèque le fera changer d’avis. Tout ce beau monde part pour un blockbuster qui a le mérite de trancher radicalement avec les deux précédents, mais qui s’avère finalement trop peu inventif pour nous surprendre. Le script enchaîne les facilités et s’avère moins percutant dans l’humour, enchaînant constamment les gags faciles et / ou éculés. Tout cela se fond dans un drôle de montage qui passe d’une péripétie à l’autre avec une brutalité déconcertante. Le film y gagne côté dynamisme (impossible de s’ennuyer), mais y perd en terme de logique narrative. Souvent considéré comme le vilain petit canard de la trilogie, LA TOMBE DE L’EMPEREUR DRAGON possède de bons moments (certaines scènes d’action sont efficaces), mais le folklore autour de la momie a définitivement disparu. Jet Li est aux abonnés absents dans un rôle compliqué, peu aidé par un aspect numérique risible. Si cette troisième aventure ne sera pas un bide (elle dépasse elle aussi les 400 millions de dollars), la saga sera tout de même clôturer pour de bon avant que LA MOMIE ne renaisse de ses cendres dans le premier film de l’éphémère Dark Universe avec Tom Cruise. Finalement, on aurait clairement préféré voir un quatrième film avec Brendan Fraser…

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