La différence, l’envol de Brendan Fraser

1992 est peut-être l’année qui va définir le mieux le futur de Brendan Fraser en tant que comédien. Aussi bon dans l’humour délirant (CALIFORNIA MAN) que dans le drame (ici avec LA DIFFERENCE), il a réussi en l’espace de deux films à jouer deux partitions complètement différentes qui laissent entrevoir sa vaste palette de jeu.

Une histoire inspirée

Dans les années 1950, David Greene (Fraser) quitte une école publique de Pennsylvanie et intègre une prestigieuse école privée de Nouvelle-Angleterre à la suite de l’attribution d’une bourse sportive. Il devient

membre adulé de l’équipe de football américain de l’école mais doit cacher ses origines juives mal vues dans ce milieu élitiste et bourgeois. La révélation accidentelle de ce secret changera ses relations avec les autres élèves et le mettra en position de bouc émissaire dans une affaire de tricherie aux examens. Basé sur des faits réels, ceux qu’a vécu le producteur Dick Wolf qui deviendra populaire dans les 90s en créant NEW-YORK, POLICE JUDICIAIRE. Il écrit la différence, aidé par le scénariste Darryl Ponicsan.

Cette bande de jeunes acteurs dont faisait partie Brendan Fraser ne fut pas tout le temps facile à gérer pour le réalisateur Robert Mandel. Il y avait parfois de la tension, mais également beaucoup de pression, certains misant énormément sur le film pour se faire un nom. Sur le plateau, le cinéaste passe beaucoup de temps à discuter avec eux, les corrigeant parfois et les soutenant souvent. Il les surnommait même les Brat Pack, en référence au surnom donné à un groupe d’acteurs américains des années 80 qui est apparu dans plusieurs films destinés à un jeune public. Brendan Fraser, Matt Damon, Ben Affleck et Chris O’Donnell ont tous réussi à se faire un un nom par la suite.

Un film important

Les revoir aussi juvéniles aujourd’hui nous montre également le chemin parcouru par ces comédiens. Emmené par la composition subtile de Maurice Jarre, LA DIFFERENCE parle frontalement d’antisémitisme tout en restant parfaitement dans les clous. Il est vrai que le scénario s’avère plutôt classique, mais il n’en demeure pas moins efficace. Nous sommes à une époque où le cinéma américain tente de rapprocher sa

jeunesse et d’abolir certaines dissensions. Le carton planétaire du film LE CERCLE DES POETES DISPARUS a énormément contribué à faire émerger ce genre d’oeuvres. Brendan Fraser impressionne ici, mélange de candeur, d’innocence et de caractère dans un long-métrage resté très important pour de nombreuses personnalités. LA DIFFERENCE est l’un des premiers films estampillés « grand public » à se concentrer sur l’antisémitisme dans les écoles non juives. À l’époque, le footballeur Brent Novoselsky déclare avoir été « touché » par cette histoire, se remémorant que « les années 40, 50 et 60 étaient difficiles pour les juifs des Etats-Unis« . Plusieurs psychologues se sont également penchés sur la portée d’un film qui a ouvert de nombreuses portes à ses comédiens tout en restant (trop) confidentiel au box-office et au fil du temps…

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