Le deuxième souffle, le polar incontournable de Melville

Tiré d’un roman intitulé REGLEMENT DE COMPTES, LE DEUXIEME SOUFFLE est l’un des films les plus emblématiques de la carrière du cinéaste Jean-Pierre Melville. Sorti en 1966, voilà un polar somptueux porté par un immense Lino Ventura.

Un film fascinant

Gustave Minda, dit « Gu » (Ventura), s’est évadé de prison. Connu du milieu pour sa fiabilité et son courage, il retrouve à Paris sa sœur Simone Melletier, dite « Manouche » (Christine Fabrega), qui lui voue une affection passionnée et avec qui il a fait maints mauvais coups, ainsi que son ami fidèle, Alban (Michael Constantin). Dans un bar-restaurant de l’avenue Kléber, une fusillade éclate. Le gérant, « Jacques-le-Notaire » (Raymond Loyer), est tué sous les yeux de Manouche, qui partage sa vie. Le commissaire Blot (Paul Meurisse), qui connaît bien tout ce beau monde, est chargé de l’enquête.

LE DEUXIEME SOUFFLE sera le dernier film en noir et blanc de Melville. Il procède ici à une synthèse parfaite des éléments contenus dans ses polars précédents, et annonce le style de sa future trilogie en couleur avec Alain Delon. LE DEUXIEME SOUFFLE supprime les détails pittoresques attachés à la description de la pègre. La notion de morale, si importante chez les gangsters, est bafouée tout au long du récit, rythmé par les mensonges et les doubles jeux. Gu est dénué du charme romantique des bandits. Il est essentiellement mu par son instinct de survie et son code de l’honneur, et ne connaît que le règne de la violence et de la fuite. Melville ne glorifie en aucun cas les gangsters, mais il s’identifie plutôt à des hommes qui vivent hors du monde et de toute contingence sociale.

Un grand succès

Si Lino Ventura illumine le film de sa présence magnétique, Paul Meurisse interprète, quant à lui, le flic le plus magnifique de la carrière de Melville. J’ose même dire l’un des meilleurs de l’Histoire du cinéma français. La scène où il reconstitue en présence de témoins l’échange de coups de feu survenu dans un bar, tournée en un seul plan, constitue un admirable morceau de bravoure, représentatif de la maîtrise technique et narrative du cinéaste ainsi que de l’aisance intuitive du comédien. LE DEUXIEME SOUFFLE sera reconnu à sa juste valeur par le public et enregistrera 1 912 749 entrées. Un record personnel qui sera ensuite battu par LE SAMOURAÏ en 1967 (1 932 372 spectateurs réunis) et son chef-d’oeuvre LE CERCLE ROUGE (4 339 821 tickets vendus).

Laisser un commentaire