L’éveil, quand Robin Williams et Robert de Niro ont partagé l’écran

Qu’un film porté par deux des meilleurs comédiens de l’Histoire du cinéma soit passé aussi inaperçu à travers les époques reste extrêmement étonnant. Parfois, un vrai ratage justifie cette mise à l’écart, mais ce n’est pourtant pas le cas de L’EVEIL, superbe chronique de la vie réalisée par Penny Marshall en 1991. 

Certes, le sujet semble assez peu accessible : un jeune chercheur (Williams) se voit confier un groupe de malades chroniques atteints de troubles psychiques profonds, derniers rescapés d’une épidémie d’encéphalite. Il va peu à peu les ramener à la vie grâce à un nouveau remède et s’occupe plus particulièrement de l’un d’entre eux, Lenard Lowe (de Niro). Une histoire vraie que la cinéaste nous dépeint avec une sensibilité étonnante, sublimée par la complicité évidente des deux comédiens. Le patient va peu à peu retrouver l’usage de la parole tout en se levant et en écrivant. 

Un duo merveilleux

L’inévitable chute dramatique n’en est que plus belle et poignante. Les effets de ce nouveau traitement ne vont pas durer et la maladie va revenir, plus forte encore. Inspiré de la véritable histoire vécue par le docteur Oliver Sacks, L’EVEIL est une métaphore de la valeur de la vie, moment aussi bref qu’éphémère. Lorsque Lowe aspire à une existence normale, il déborde d’enthousiasme et se veut porteur d’un vrai message, confrontant le docteur à ses propres recherches. Ce dernier est obsédé par sa fonction, délaissant du même coup sa sociabilité. Sa relation avec son patient va lui montrer la part vivante de son propre esprit, trop souvent cloisonné entre quatre murs. L’EVEIL, c’est aussi le sien.

Robin Williams est évidemment faramineux dans ce rôle, son humanité transpirant à chaque plan, à l’intérieur de chaque dialogue. A l’opposé, de Niro est ancrée dans une pure performance et retrouve une forme d’innocence dans son jeu qui contient une

ampleur toujours aussi magistrale. L’EVEIL est une grande histoire, mais aussi un pamphlet contre les grandes instances qui considèrent les patients comme des légumes et leur traitement comme une masse d’argent non négligeable.

A sa sortie, le film rapporte 52 millions de dollars aux Etats-Unis pour 29 millions de budget. Inexplicablement, Il tombera alors peu à peu dans l’oubli, éclipsé par LES AFFRANCHIS pour de Niro et par HOOK pour Williams. Aujourd’hui, en l’absence de nouvelle édition blu-ray et, donc, d’exposition, il est important de redécouvrir (ou découvrir) cette très belle réalisation de Penny Marshall qui enchaînera ensuite avec UNE EQUIPE HORS DU COMMUN (porté par Tom Hanks) puis OPERATION SHAKESPEARE (avec Danny DeVito).  

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