Pour une poignée de dollars, le mythe de Leone, Eastwood et Morricone

En 1964, le grand Sergio Leone initie un film dont le thème central se déclinera sous deux autres idées formant une trilogie mythique qui s’achèvera par le chef d’oeuvre ultime LE BON, LA BRUTE ET LE TRUAND. Inspiré par le YOJIMBO de Kurosawa, le cinéaste italien remodèle l’histoire pour en faire un western à la simplicité désarmante mais à la force idéologique puissante.

Clint Eastwood au firmament

POUR UNE POIGNEE DE DOLLARS, c’est l’histoire d’un homme solitaire arrivant dans une ville où deux familles rivales s’affrontent et terrorisent leur monde. Il va alors s’immiscer dans les deux camps et les faire s’entretuer. Ni plus, ni moins. Le cow-boy, le désert, la petite ville, le solitaire, le saloon, tout est détourné pour offrir un western nouveau s’apparentant à une relecture du genre. S’ouvrant sur une scène magistrale où le solitaire est spectateur, POUR UNE POIGNEE DE DOLLARS joue avec malice et suspense la carte de l’infiltration. On se prête plusieurs fois à sourire de l’audace et des « coups » opérés par le solitaire. Ce dernier est incarné avec un charisme terrassant par le mythique Clint Eastwood.

Alors au début de sa carrière d’acteur, l’acteur américain sera la grande révélation du film devenant peu après l’une des plus grandes figures de l’Histoire du cinéma. Son regard, son grand physique sec et sa démarche décontractée seront à jamais imprimés dans l’imaginaire collectif. Il y a d’ailleurs ce fabuleux

plan dans le film où on le voit émerger de la fumée pour livrer son dernier duel. Sous ses atours de bandits, il révélera son grand coeur dans une scène poignante. C’est là que se pose d’ailleurs toute la mythologie du personnage Eastwoodien, à savoir un homme souvent irascible, têtu, irrévérencieux, solitaire mais doté d’un bon sentiment prêt à aider les autres. Sergio Leone filme son personnage comme la future icône qu’il sera. C’est le destin qui les a menés sur le même chemin car le cinéaste aurait voulu une grande star de l’époque comme Henry Fonda ou Charles Bronson pour incarner le solitaire. Mais ceux-ci étant trop chers, il a dû se rabattre sur un inconnu. L’Histoire a écrit le reste.

Le début d’une grande histoire

Reste que ce film est une pierre fondatrice du genre et l’éclosion de trois grands artistes. Eastwood, Leone et également le grand Ennio Morricone. Un compositeur fabuleux, capable d’appuyer une émotion sans en faire trop et surtout jouer un morceau qui vous reste longtemps en tête. Peu de compositeur sont capables de telles prouesses hormis John Williams et dans une moindre mesure Hans Zimmer. ll signera sa compo ultime dans LE BON,LA BRUTE ET LE TRUAND ou encore IL ETAIT UNE FOIS DANS L’OUEST toujours avec Sergio Leone. Même si, paradoxalement, POUR UNE POIGNEE DE DOLLARS est le plus faible des trois, il reste un film grandiose et d’une sincérité irréprochable. Et dire qu’il s’était fait massacré par la presse à sa sortie…

Laisser un commentaire