Le huitième jour, l’histoire d’un film édifiant

Le cinéma, comme tous les arts, sert à nous divertir mais également à nous enrichir intellectuellement. Il parvient aussi à ouvrir des portes sur certains sujets qui peuvent ensuite mener à une véritable prise de conscience. Parce que le 7ème art possède un impact incontournable, il parvient régulièrement à faire bouger les choses sur le long terme.

Un duo imparable

LE HUITIEME JOUR fait partie de cette catégorie. On y suit Georges (Pascal Duquenne) qui se voit comme un Mongole (habitant de la Mongolie) et non pas comme étant atteint de trisomie 21. Il veut à tout prix

retrouver sa mère dont il n’a que l’adresse et malgré la surveillance excessive des gardiens de la résidence dans laquelle il vit, il parvient à s’enfuir avec le chien de garde. Harry (Daniel Auteuil), est un homme qui se voue corps et âme à son boulot sept jours sur sept depuis qu’il a perdu sa femme (Miou Miou) et la garde de ses deux filles avec lesquelles il aimerait passer plus de temps. Alors qu’il rentre chez lui et pense sérieusement à mettre fin à sa vie en provoquant un accident de la route, il percute le chien qui accompagnait Georges, qui le voit comme ami car il est le premier et le seul qui accepte de l’emmener avec lui.

Le film résonne alors comme une chronique de vie qui pose un regard à la fois tendre et dur sur le thème du handicap. Le réalisateur Jaco Von Dormael désirait confronter les spectateurs à leurs propres réflexions ou point de vue sur la Trisomie 21. À l’écran, le formidable Daniel Auteuil trouve une synergie parfaite avec Pascal Duquenne, les deux ayant notamment remporté le prix d’interprétation au festival de Cannes en 1996. Sur ce point, Auteuil déclara : « Je trouve que ce prix gagné à deux est la plus belle des choses. Il était impensable qu’il soit dissocié car en donnant la récompense à Pascal, on fait de lui un acteur à part entière et on oublie toutes les différences. ». Des mots justes, tant leur complicité à l’écran possède un petit côté « Laurel et Hardy ». L’un équilibre l’autre, comme sur le tournage où Duquenne est plus instinctif et désinhibé que son partenaire. Il parvient à offrir une palette d’émotions large avec une vitesse désarmante. Auteuil toujours. « S’il a envie de jouer, il peut-être drôle et émouvant puis drôles à volonté, c’est comme il veut. Marlon Brando est un enfant à côté !« .

L’humour et la profondeur réunis

Finalement, le film prend le parti pris de nous montrer le handicap de manière humoristique et légère. Georges est heureux dans le monde qu’il se fabrique, celui-là même qui ne prône que la joie, le bonheur et l’émerveillement. Harry, de son côté, est un homme qui a oublié les valeurs simples de la vie au dépend de sa vie professionnelle. On peut y voir une certaine facilité, moi je préfère parler d’universalité. Le cinéaste veut nous montrer que ces personnes souvent moquées ont un effet bénéfique sur les autres grâce à cette essentialité qui nous manque tant. Pourtant, l’humour n’empêche jamais le scénario de se confronter aux situations plus difficiles. En témoigne cette scène dans un restaurant où Georges subit le rejet d’une serveuse avec laquelle il flirtait. Malgré sa différence, il veut vivre normalement, comme les autres. Dans cette scène tragi-comique, on ressent toute la tristesse de ce garçon pas si différent des autres.

Sorti en 1996, LE HUITIEME JOUR fut un grand succès en salles. En France, son bon démarrage (332 776 entrées) n’augurait tout de même pas d’un si grand résultat final : 3 610 901 spectateurs se sont rendus dans les cinémas ! Et pour cause, le film a profité d’un grande bouche à oreille, s’installant notamment durant 32 semaines à l’affiche, soit plus de huit mois à l’affiche (chose impensable aujourd’hui). Enfin, le retentissement fut international, puisque le long-métrage a récolté plus de 33 millions de dollars à travers le monde.

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