Alice au pays des merveilles, le grand cirque Disney de Tim Burton

Tim Burton fut, malgré lui, l’initiateur d’un procédé aussi décrié qu’apprécié : les remakes en prises de vues réelles des classiques Disney. Impossible de passer à côté d’un phénomène qui a réuni plusieurs milliards de dollars tout en étant symptomatique d’un manque de créativité déroutant. On retiendra donc que sa première pierre fut posée par un cinéaste qui représente tout l’inverse.

Nouvelle adaptation

Il faut dire que l’attente fut forte en 2010 : Burton rencontrait l’univers de Lewis Caroll. Johnny Depp au casting, des effets spéciaux innovants, un univers virtuel puisant dans diverses références, une 3D magique suite au succès d’AVATAR… ALICE AU PAYS DES MERVEILLES était un événement, autant cinéphile que grand public. Aussi fort que la version burtonienne de LA PLANETE DES SINGES. Disney met 200 millions de dollars sur la table pour que cette adaptation puisse être le premier acte réussi d’un projet plus grand.

Pourtant, le cinéaste ne pense qu’au respect de l’oeuvre originelle, à savoir l’histoire écrite par Lewis Carroll. Selon Johnny Depp (qui a réalisé de nombreuses recherches afin d’être crédible dans la peau du Chapelier Fou), l’auteur aurait adoré cette version. « Je suis convaincu que Lewis Carroll adorerait le film parce qu’il a été fait avec beaucoup de respect envers son oeuvre et qu’il s’enracine profondément dans l’histoire originale. C’est un véritable plaisir de voir l’histoire et les personnages de Lewis Carroll s’animer à travers le regard de Tim Burton.« . En prenant certaines libertés avec le roman, Burton parvient à s’extirper d’un carcan trop serré, s’autorisant alors quelques visions fulgurantes sur cette histoire connue de tous. Il déclarait à l’époque de la sortie. « Je voulais raconter cette histoire d’une nouvelle façon car aucune des adaptations cinéma ne m’a jamais vraiment plu. Je voulais transposer à l’écran l’imagerie que cette histoire a créée en moi ».

Des qualités, mais un sentiment d’inachevé

De tous les remakes live qui suivront, ALICE AU PAYS DES MERVEILLES reste peut-être le plus innovant de tous. Pas de pâle copie ici, mais une envie de bousculer les codes et tout ce que l’on connaît de cette histoire. Reste que l’ensemble souffre d’un trop-plein numérique et qu’on reste un peu à distance de ce récit qui manque de véritable folie. On se pose forcément cette question devant le film : Burton s’est-il assagi ? Le carton planétaire va, durant un temps, faire illusion : le film explose différents records et

atteint 1,024 milliard de dollars de recettes mondiales, de loin le plus gros succès de la carrière du cinéaste (et de loin). Aujourd’hui, il sera plus difficile de trouver un admirateur à cette adaptation finalement très banale. Une partie du public pense toujours qu’ALICE AU PAYS DES MERVEILLES a marqué le début du déclin créatif de Tim Burton. Il est vrai que les années 2010 n’ont pas été les plus glorieuses de sa carrière et qu’il a semblé parfois en panne d’inspiration.

En tant que producteur, il signera pour une suite, ALICE DE L’AUTRE COTE DU MIROIR qui sera un échec au box-office (298,9 millions de dollars rapportés pour 170 millions de budget), preuve s’il en est de la déception du public par rapport à l’opus précédent.

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