Le cercle des poètes disparus, l’incroyable succès d’un film poignant

Tom Schulman, scénariste du film, s’est inspiré de sa propre expérience de professeur pour écrire le script. Une anecdote qui veut dire beaucoup et qui représente à elle seule l’âme même du long-métrage. Au passage, il recevra l’Oscar du meilleur scénario original. 

Un script puissant

Le script joue un rôle très important dans l’aura que dégage le film. Sauf que le capitaine de ce navire n’est nul autre que Robin Williams qui devient alors un véritable emblème dépassant le cadre du cinéma. Son rôle de professeur, le fameux John Keating, est devenu ce qui définit son interprète tout en libérant la parole sur la possibilité d’une autre éducation, affranchissant par la même occasion les codes d’une certaine unilatéralité. L’empathie des spectateurs envers Williams y est pour beaucoup. Difficile d’imaginer Liam Neeson, Dustin Hoffman ou Bill Murray, tous pressentis (et très talentueux), se glisser avec autant d’aisance dans ce rôle complexe qui exige un certain équilibre dans l’interprétation, d’autant que le personnage reste secondaire. 

Un succès impressionnant

La performance du film au box-office en 1989 (janvier 1990 en France) est marquante et représente des chiffres exceptionnels qu’il est difficile de retrouver aujourd’hui dans l’exploitation globale. Mondialement, il récolte 235,8 millions de dollars de recettes soit l’équivalent, aujourd’hui, de 536,6 millions ! Un score digne d’un blockbuster pour un film dramatique qui n’a pas pour but d’en mettre plein la vue. En France, il cumule 6 598 785 tickets vendus soit presque autant qu’un film comme PIRATES DES CARAÏBES, LE SECRET DU COFFRE MAUDIT sorti en 2006 (6 657 405 entrées). C’est impressionnant et cela rappelle à quel point LE CERCLE DES POETES DISPARUS s’est imprimé dans l’inconscient collectif. 

Pourquoi a-t-il autant fonctionné ? Certes, le film est bon (ce qui aide, surtout pour le bouche à oreille), poignant et édifiant. Mais des qualités ne font pas un succès. Robin Williams ? C’est plutôt LE CERCLE DES POETES DISPARUS qui a lancé sa grande popularité déjà amorcée deux ans plus tôt par GOOD MORNING VIETNAM. Les années 90 seront sa décennie où les succès critiques et/ou publics s’enchaînent (MADAME DOUBTFIRE, HOOK, JUMANJI, WILL HUNTING,…). L’aura du cinéaste ? Là encore, si Peter Weir est en effet un solide réalisateur, il ne parviendrait pas à attirer les spectateurs par son seul nom. Le phénomène s’est amené, d’une part, de manière progressive tout en débouchant sur des discussions importantes. Il est devenu un point d’ancrage avec une génération qui se cherche et qui doit trouver une nouvelle identité après de longs conflits. L’histoire a beau se dérouler en 1959, elle résonne avec force dans le virage progressiste des 80s / 90s. C’est encore plus frappant à notre époque, et c’est pour cela que le film garde une résonance imparable de nos jours. C’est l’éducation dans toute sa valeur qui est abordée, pas seulement scolaire, mais également parentale. Il y a une véritable approche sociologique sur la place d’un homme et l’absurdité de la position qu’on lui destine au sein de la société. A l’instar de RAIN MAN sorti quelques mois plus tôt, LE CERCLE DES POETES DISPARUS a ouvert des débats tout en infusant de la modernité dans son propos. Carpe Diem.

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