Comme souvent dans la carrière de Tim Burton, un film plus personnel et intimiste succède à un film plus commercial. Pour trouver cet équilibre, encore faut-il que ces longs-métrages à portée plus populaire cartonnent. LES NOCES FUNEBRES succède donc à CHARLIE ET LA CHOCOLATERIE, mais le cinéaste a réussi la prouesse de monter ces deux projets en même temps !
L’art du stop-motion
Sorti à quatre mois d’intervalle, ces films démontrent l’habileté de Burton. Revenant à la stop-motion, il fait des NOCES FUNEBRES une oeuvre mémorable qui s’inscrit parfaitement dans son univers. L’origine du projet remonte à l’époque du tournage de L’ETRANGE NOEL DE MONSIEUR JACK quand l’artiste storyboardeur et scénariste Joe Ranft lui parle d’un court conte européen. Certain que ce dernier pourrait lui plaire et correspondre à son identité de cinéaste, Ranft mène Burton vers une histoire qu’il va littéralement habiter. Plus d’une décennie plus tard, après avoir dessiné lui-même toutes les scènes, les personnages et les décors, il reçoit l’aval de la Warner Bros pour lancer le projet. Le studio valide, dans le même temps, CHARLIE ET LA CHOCOLATERIE, une grosse production à 150 millions de dollars. LES NOCES FUNEBRES sera moins gros, mais le budget restera confortable (30 millions).
Le retour de Burton à l’animation se fera par stop motion ou ne se fera pas. Lorsque L’ETRANGE NOEL DE MONSIEUR JACK (qu’il a conceptualisé, mais pas réalisé) est sorti en 1993, le procédé était assez révolutionnaire à Hollywood. Le co-réalisateur des NOCES FUNEBRES, Mike Johnson, parlait d’ailleurs de cette technique au moment de la sortie du film. « Tim Burton a donné une seconde vie au stop-motion. L’Etrange Noël de M. Jack a révélé au grand public les charmes si particuliers de cette forme d’expression que l’ordinateur ne saurait émuler. On doit à l’intérêt et à la passion de Tim de pouvoir lancer aujourd’hui ces projets de grande ampleur« . Burton pousse encore plus loin la grandeur de cette technique avec une nouvelle ampleur donnée aux décors. Ainsi, les structures pouvaient s’élever jusqu’à huit mètres de haut ! Du jamais-vu.
De nouvelles retrouvailles avec Johnny Depp
Pour donner vie à son projet, il s’entoure d’acteurs reconnus pour donner de la voix aux marionnettes : il retrouve ainsi Johnny Depp qui incarne Victor Van Dort. C’est la première fois que le comédien s’essaie à
l’animation et l’expérience lui plaît beaucoup. Burton apprécie son sens du professionnalisme et n’hésitait pas à le répéter lors des interviews. « Chaque fois que je travaille avec Johnny Depp, je découvre quelqu’un de différent. Il est bien plus occupé à devenir le personnage qu’à cultiver son image. Je trouve cela très stimulant surtout chez un artiste que le grand public perçoit comme faisant partie des « Most Beautiful People ». Johnny est disposé à prendre des risques. Chacune de nos expériences communes a été différente de la précédente – et meilleure. C’est merveilleux de fréquenter des gens comme lui, avec qui l’on peut communiquer de façon quasi subconsciente« . Une connivence qui ne s’est jamais démentie depuis. Aux côtés de Depp, on retrouve son épouse Helena Bonham Carter, le grand Christopher Lee, mais également Albert Finney et Michael Gough. Pour la composition musicale, il renoue bien évidemment avec Danny Elfman.
LES NOCES FUNEBRES sort en fin d’année 2005 et sera largement rentable en cumulant plus de 117 millions de dollars de recettes. Il récolte également de nombreux avis positifs et notamment de la part de ses fans qui ont l’impression de retrouver le véritable univers du cinéaste. Ce dernier a donc vécu une année pleine dans laquelle il a mené brillamment un blockbuster et une oeuvre tragique en stop-motion. Le futur s’écrira par le biais d’une comédie musicale avec l’étrange SWEENEY TODD…
