Eternal Sunshine of The Spotless Mind, Jim Carrey et Kate Winslet réunis par Michel Gondry

Parfois, les meilleures idées peuvent arriver lors d’un moment apparemment banal qui se transforme alors en un point de départ d’une créativité fertile. C’est lors d’un dîner entre le réalisateur Michel Gondry et son ami artiste Pierre Bismuth que le futur ETERNAL SUNSHINE OF THE SPOTLESS MIND est né. Bismuth lancé au cinéaste un sujet vaste, mais rempli de promesses : « Que dirais-tu si tu recevais une carte t’annonçant que tu as été effacé de la mémoire d’une certaine personne, et que tu devrais désormais t’abstenir de tout contact avec elle ?« .

Un esprit Boris Vian

Plusieurs années s’écoulent, mais cette piste hante Gondry qui va alors travailler avec le scénariste Charlie Kaufman pour mettre sur pied une histoire. L’inspiration est diverse et se concentre notamment sur deux romans mémorables écrits par Boris Vian, L’HERBE ROUGE et L’ARRACHE-COEUR. Il faut dire que le cinéaste aime particulièrement cet auteur et l’adaptera même littéralement au cinéma avec L’ECUME DES JOURS. Pour ETERNAL SUNSHINE OF THE SPOTLESS MIND, Kaufman puise dans ses émotions et se confronte à de nombreuses questions pour développer son scénario. Pour lui, c’est une histoire d’amour à multiples facettes. « J’ai toujours pour principe d’écrire des choses qui reflètent la vérité, ou tout du moins, ma vérité. Or, je ne retrouve rien de celle-ci dans la plupart des films d’amour. Peut-être ont-ils un rapport avec la vie des gens qui les font, mais ils n’en ont certainement pas avec la mienne. Ici, l’histoire d’amour est présentée dans toutes ses dimensions, plaisantes ou déplaisantes, et je me garde bien d’en tirer une quelconque morale.« . C’est peut-être pour ça que cette histoire résonne avec tant de force auprès des spectateurs.

Un duo magnifique

Encore faut-il des comédiens à la hauteur capables de transmettre la multitude d’émotions que propose le script. Une fois celui-ci achevé, Gondry est conscient qu’il a entre les mains une histoire hors du commun. Nicolas Cage est d’abord pressenti, mais c’est finalement, contre toute-attente, Jim Carrey qui hérite du rôle. Le comédien vient déjà de surprendre le public avec son impeccable prestation dans THE

TRUMAN SHOW et poursuit donc dans une veine plus dramatique avec le long-métrage de Gondry. Un rôle qu’il va incarner avec ses propres fêlures, avouant au passage qu’il n’aurait pas pu le jouer s’il n’avait pas ressenti ces émotions pour de vrai. À ses côtés, Kate Winslet veut trouver un grand rôle d’aspect contemporain pour éviter d’être cataloguée dans la catégorie des drames historiques. Depuis ses débuts, elle a beaucoup joué dans des oeuvres se déroulant dans le passé, mais trop rarement dans le présent. Elle va trouver son bonheur en incarnant Clémentine Kruczynski, une femme névrotique qui décide d’effacer les souvenirs de sa relation avec son ex-petit ami. Les longues plages d’improvisation laissées volontairement au duo par Gondry va permettre une forme d’osmose impressionnante à l’écran.

Abordant le thème de la rupture amoureuse (et la douleur qui en découle), ETERNAL SUNSHINE OF THE SPOTLESS MIND a suscité un énorme engouement depuis sa sortie en 2004, malgré un succès en salles plutôt modeste. De nombreux philosophes se sont penchés sur les thématiques abordés et la psychologie elle-même a pris en exemple le film pour aborder cette « mort » émotionnelle que l’on peut ressentir suite à une rupture sentimentale. Avec sa chronologie particulière, la force de sa bande-son (que l’on doit au compositeur Jon Brion, mais également au chanteur Beck), la mise en scène somptueuse de Gondry et la magnifique performance de Winslet et Carrey, ce film marque durablement les esprits et impressionne davantage encore à chaque visionnage. Un sommet.

ETERNAL SUNSHINE OF THE SPOTLESS MIND est actuellement disponible sur la plateforme FILMO.

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