Steven Spielberg, le top de sa filmographie

Faire le classement d’une filmographie, ça prend du temps. Surtout quand c’est une énorme rétrospective sur l’oeuvre de l’immense Steven Spielberg, réalisateur de 33 films (et bientôt 34 l’année prochaine avec THE FABELMANS)

331941 (1979)

Le film considéré comme raté, même par son réalisateur, 1941 est bien le moins bon film de Spielberg. Comédie sur la seconde guerre mondiale, le scénario n’est pas convaincant, entre des gags qui fonctionnent rarement et un déluge d’effets pyrotechniques réussis mais un peu hors de propos. Désirant revenir à une certaine forme de comédie des années 40-50, le cinéaste ne parvient que trop rarement à nous faire sourire. En le revoyant aujourd’hui, un brin de nostalgie et de bienveillance nous gagnent, car il est loin d’être ridicule, mais la qualité trop faible de l’ensemble reste problématique. Son seul essai dans la comédie.

32. INDIANA JONES ET LE ROYAUME DE CRANE DE CRISTAL (2008)

Comment en est-on arrivé là ? C’est ce qu’on s’est tous demandé à la fin de la projection en 2008. L’intro reste honnête, l’intrigue se suit sans déplaisir, Shia LaBoeuf est sympathique en fils d’Indy et revoir notre aventurier préféré est une source d’excitation en soit. Passée une première heure convaincante donc, nous voilà embarquer dans une sorte de grand huit numérique débile (on se souviendra longtemps de Shia qui se balade de liane liane) et sans saveur, loin du découpage extraordinaire des scènes d’action de la trilogie originelle. Et puis, il y a cette fin, aberrante et peu pertinente. Spielberg n’en a clairement plus rien à faire de INDIANA JONES et n’est revenu que pour son pote Lucas (qui a ardemment bataillé pour la présence des E.T). 

31. ALWAYS (1989)

Un film mineur dans la carrière du cinéaste, avec Richard Dreyfuss en pompier de l’air qui décède puis revient parmi les vivants. Une jolie bluette, des acteurs superbes (le couple Dreyfuss-Hunter) et un sujet rare, celui des pompiers de l’air donc. Sujet qui sera également son défaut tant il s’avère peu palpitant. Un peu comme le scénario, comportant très peu de rebondissements. Reste cette incroyable émotion notamment lors d’une séquence merveilleuse où le personnage de Dreyfuss, déjà mort, voit sa femme danser avec un autre homme. L’essentiel est là et tient dans ces dix minutes, qui peuvent bien figurer parmi les plus belles de la carrière du cinéaste.

30. LE BON GROS GEANT (2016)

Quelques mois après l’excellent LE PONT DES ESPIONS, Spielberg renouait avec l’imaginaire dans une adaptation du grand Roald Dahl. Une difficile transposition, tant le livre est composé d’épisodes sans véritables liens entre eux. Au final, le film est assez sage et manque un peu de dynamisme. L’humour n’est pas non plus le point fort de l’ensemble qui reste, malgré tout, d’une belle teneur thématique et visuelle (lumière magnifique, photographie soignée, effets spéciaux ingénieux), le cinéaste imprimant sa patte avec une vigueur merveilleuse (superbe pays des songes, moment de poésie gracieux). 

29. HOOK OU LA REVANCHE DU CAPITAINE CROCHET (1991)

Voir Spielberg, cinéaste de l’imaginaire et du merveilleux, s’attacher au mythe de Peter Pan relevait d’une évidence. Pourtant, le parcours fut semé d’embûches et le résultat pas forcément éclatant. Atteinte par la folie des grandeurs de son capitaine, la production fut une calamité. Reste que le film est magnifiquement kitsch et que l’ensemble, tout en restant inoffensif, est

franchement divertissant. Robin Williams en Peter Pan est adorable et le reste du casting vaut également le détour (notamment un hilarant Dustin Hoffman en totale roue libre). Mais HOOK est trop long, pas assez attachant (les émotions ne passent pas) et l’humanité qui caractérise l’introduction (où Peter essaie d’être un bon père) est absorbée lors du passage au Pays de l’Imaginaire. HOOK se laisse regarder, trouve certaines répercussions aujourd’hui, mais ne s’avère pas assez mémorable pour figurer plus haut dans la filmographie du maître.

28. SUGARLAND EXPRESS (1974)

Le premier film officiel du réalisateur (DUEL était, à la base, un téléfilm). Soit un road-movie entre gangster où tous les fondements de sa carrière sont là, comme le thème de la séparation de l’enfant et de ses parents ainsi que cette façon, d’un point de vue esthétique, à rendre tout ce qu’il filme spectaculaire. Une femme, Lou, fait évader son mari de prison pour récupérer la garde de leur gosse. S’ensuit une poursuite en voiture des forces de l’ordre face au couple. Un affrontement qui finira de manière tragique. Comme son scénario, SUGARLAND EXPRESS va vite, devient même fou dans une dernière demi-heure excellente, et sa mécanique est vraiment prenante. Le miracle tient au fait que le cinéaste rend attachant ce couple aux multiples défauts mais à l’amour indicible pour eux-mêmes et leur enfant.

27. MUNICH (2005)

Sur un sujet incroyable (les attentats lors des jeux olympiques de 1972), Spielberg livre un thriller exceptionnel d’intensité lors de ses nombreuses séquences de suspense (des agents israéliens sont envoyés pour tuer les terroristes palestiniens responsables des attentats sur l’équipe olympique d’Israël). Encore plus d’actualité aujourd’hui, le film est sauvage, moralement fort (la faible frontière entre le bien et le mal), mais se perd parfois dans d’innombrables intrigues qui parasitent le récit initial apportant certaines confusions. On peut comprendre cette position pour ressentir ce que ressentent les personnages aux-mêmes mais il est regrettable que cela fausse un peu le rythme et les enjeux. Malgré tout, l’incroyable réalisation du cinéaste laisse sans voix.

26. LE PONT DES ESPIONS (2015)

Portée par une première séquence somptueuse posant tous les enjeux du film (l’espion soviétique se regardant dans le miroir jouant sur un triple reflet comme les agents et instances gouvernementales durant tout le film, le jeu de dupes), LE PONT DES ESPIONS ne tiendra peut-être pas cette force durant plus de deux heures, mais mettra en scène un superbe duo d’acteurs : Tom Hanks et l’étonnant Mark Relance qui ne quittera plus le cinéma américain de qualité après ce film. Le premier reste un personnage « Spielbergien », un homme directement attachant qui se bat pour la justice et qui reste debout, quoiqu’il arrive. Il est le point central d’un film redoutablement retors dans son ambiguïté psychologique et morale. Le rejet ou l’adoubement d’une société ne tient qu’à un fil, la définition de héros également.

25. JURASSIC PARK 2, LE MONDE PERDU (1997)

Cette suite du mythe qu’est JURASSIC PARK est un pur divertissement, un blockbuster énorme qui ne donnera pas des maux de têtes aux spectateurs pour sa compréhension, mais des images indélébiles à jamais gravées. Comme cette attaque époustouflante de deux tyrannosaures pour récupérer leur petit. Un moment de bravoure qui justifie à lui seul de revoir ce deuxième volet qui se contente d’être spectaculaire. C’est surtout l’occasion à Spielberg de se prouver qu’il peut encore monter des séquences visuelles imparables et qu’il reste le maître incontesté du cinéma moderne. Son final est là pour en témoigner : un bon gros hommage au KING KONG d’origine avec un T-rex qui sème la panique en pleine ville ! Une séquence gratuite et euphorisante.

24. A.I, INTELLIGENCE ARTIFICIELLE (2001)

Projet développé avec Stanley Kubrick, A.I est un formidable voyage dans le temps et dans la technologie où la robotique est devenue la vie. Mais le film est sombre, glaçant et soulève des questions difficiles à élucider. Il s’apparente

presque à un film sur l’Holocauste, en témoigne cette terrible séquence de la foire à la chair. Pourtant, malgré sa qualité, quelque chose ne prend pas dans A.I. Le film se traîne en longueur (2h26) et il manque un peu de souffle, restant à quai sur certaines idéologies tout en proposant une reconstitution magnifique. Un long-métrage hybride qui brille par sa noirceur mais qui s’autorise une incompréhensible retenue, comme si le tout n’était pas vraiment finalisé.

23. AMISTAD (1997)

Film sur l’esclavagisme, lent pour beaucoup, AMISTAD est un pur film à thème. Le sujet prend aux tripes et les joutes verbales sont assez excellentes. Le film est sombre, statique et malheureusement parfois un peu trop bavard. Matthew McConaughey et Anthony Hopkins cabotinent et le cinéaste a franchement du mal à trancher dans son montage, probablement absorbé par un sujet difficile. On retiendra un dénouement étonnant qui ne ressemble à rien de connu chez le cinéaste, tant il s’avère plutôt pessimiste. Reste l’exceptionnelle

interprétation de Djimon Hounsou et toujours cette fabuleuse mise en scène du cinéaste, passionnante lors des longs flash-back qui accompagnent le récit.

22. LINCOLN (2013)

La performance prodigieuse de Daniel Day Lewis en Lincoln restera l’un des événements marquants de ce début de décennie cinématographique. Le film saisit parfaitement la force du personnage, transpire l’héroïsme et la compassion autour de quelques séquences émotionnelles fortes. Malgré tout, l’ensemble reste un peu académique et parvient difficilement à développer tous les thèmes qu’il aborde. Une grande figure, un grand acteur, mais pas le grand film qu’on était en droit d’attendre. ​

21. INDIANA JONES ET LE TEMPLE MAUDIT (1984)

S’ouvrant sur l’une des meilleurs séquences de la saga, ce deuxième opus souffre de quelques carences par la suite, la faute à un scénario un poil décousu. Moins d’humour et plus de bla-bla un peu futile. Surtout, il y a certains choix discutables comme celui de laisser Indiana se faire « posséder » qui annihile une bonne dizaine de minutes. Mais ce qui frappe, c’est sa violence : coeurs arrachés, enfant enchaînés et frappés, sacrifices sanglants… il est étonnant de voir à quel point le curseur a viré au rouge. Malgré tout, ce TEMPLE MAUDIT n’est pas si horrible que Spielberg le prétend. Il filme encore des séquences folles d’inventivité comme cette poursuite dans la mine à bord d’un charriot. Kate Capshaw, appelée à devenir la femme du cinéaste, s’en sort bien dans un rôle totalement différent de Marion car son personnage est moins débrouillarde et ne goûte pas à l’aventure. Sans oublier le petit Demi-lune, très bon complément jeunesse à Indiana. Film en demi-teinte mais tout de même sacrément divertissant.

20. LE TERMINAL (2005)

Un des films dits « mineurs » du cinéaste qui marque encore une fois la rupture de ton constante de sa carrière. Tom Hanks, condamné à rester dans un aéroport le temps que la situation dans son pays se calme. Une histoire en apparence légère qui raconte d’une certaine 

manière l’enfermement progressif du citoyen lambda dans un dédale d’informations administratifs absurde. LE TERMINAL souffre d’une naïveté appuyée à chaque scène mais se voit, au final, comme un conte moderne avec l’arrivée de la belle hôtesse de l’air qui fera battre le coeur de notre exilé, interprété par un Tom Hanks parfait. Et un aéroport à la beauté stupéfiante quand on sait qu’il a été construit entièrement !

19. LES AVENTURES DE TINTIN : LE SECRET DE LA LICORNE (2011)

Un film qui a forcément repoussé un peu plus les limites technologiques, celles de la motion capture également. Et puis, le créateur d’Indiana Jones donnant vie au mythe d’Hergé, Tintin, était une évidence, lui qui n’a jamais eu d’adaptation digne de ce nom. Le résultat est une merveille visuelle notamment lors d’un plan séquence final qui en a laissé plus d’un sans voix. Comme pour les BD, l’intrigue ne s’embarrasse pas de surplus thématique ou idéologique mais sert de tremplin constant à des histoires en forme de poupées russes qui se débloquent au fur et à mesure des découvertes du journaliste intrépide. On a déjà hâte que Peter Jackson, à la production de celui-ci, nous présente la suite (un jour) !

18. LA COULEUR POURPRE (1985)

Ce film reste un tournant important dans la carrière du cinéaste. En effet, c’est à partir de là qu’une certaine maturation et gravité s’est emparée de son oeuvre comme pour mieux traverser l’Histoire mêlée à l’Homme. Cette intrigue de femmes noires battues par leurs maris ne cherchant qu’à vivre librement se révèle être souvent très émouvante grâce à la merveilleuse interprétation de Whoopi Goldberg (qui reçut d’ailleurs une nomination à l’oscar). Spielberg n’édulcore jamais son propos, reste au plus proche des corps pour s’emparer des sentiments comme à son habitude. Le film souffre de maladresses, notamment dans sa gestion comportementale des hommes, peu nuancée, mais reste édifiant. 

17. WEST SIDE STORY (2021)

Le projet d’une vie pour Spielberg. Un défi improbable qu’il a relevé haut la main. Fidèle au chef-d’oeuvre de Robert Wise, ce WEST SIDE STORY version contemporaine parvient miraculeusement à transporter cette histoire à notre époque. Dès cette longue envolée introductive où la caméra nous décrit une ville abîmée et fragmentée, Spielberg décide d’user de ses qualités de cinéaste pour époustoufler les spectateurs. On peut s’émerveiller devant tant de maîtrise, que ce soit dans la gestuelle, dans le rythme ou l’effervescence visuelle. Au centre de tout, la rencontre entre Tony (Ansel Elgort) et Maria (Rachel Zegler), agrémentée des fameux lens flares, la touche typiquement spielbergienne. La réalité s’enferme dans une capsule romantique qui rend à WEST SIDE STORY son aspect joliment artificiel et pourtant paradoxalement pertinent

16. PENTAGON PAPERS (2018)

On comprend vite pourquoi le cinéaste s’est penché sur cette histoire : l’humanité d’une femme qui doit se battre face à une hiérarchie masculine, le combat démesuré entre la presse et le gouvernement, le sacrifice patent d’une jeunesse pour éviter une simple défaite de guerre, l’éclatement d’une vérité rétablissant l’ordre. Beaucoup de thèmes du film renvoient à d’autres d’une filmographie très riche et diversifiée. L’Histoire est le culte de Spielberg, de la seconde guerre mondiale (IL FAUT SAUVER LE SOLDAT RYAN, LA LISTE DE SCHINDLER) en passant par la guerre froide (LE PONT DES ESPIONS), la guerre de Sécession (LINCOLN) ou encore l’esclavagisme (AMISTAD). Cette fois, il fait son film sur la guerre du Vietnam, sans montrer le terrain que l’on a maintes fois vu dans d’autres oeuvres (il s’autorisera tout de même une introduction guerrière proche d’une séquence horrifique avec sound design soigné et image ténébreuse). Non, ici il dévoile les coulisses d’un autre combat, celui de la liberté de presse sur une terrible vérité. Avec ses séquences admirablement dialoguées, PENTAGON PAPERS a surtout le mérite d’être clair, précis et détaillé à la fois. Surtout pour nous, européens, les juridictions et autres problématiques concernant la publication des documents auraient pu nous paraître très abstraites. C’est là que le savoir-faire presque unique de Spielberg entre en jeu. Il a toujours su, même en traitant le plus compliqué des sujets, rester abordable et universel. Il garde cet équilibre incroyable entre richesse thématique et simplification narrative pour toucher le plus grand nombre.

15. CHEVAL DE GUERRE (2012)

Injustement oublié lors de sa sortie en salles, ce film est vite à redécouvrir. Puissant, élégiaque, d’une beauté à couper le souffle (l’un des plans finaux où les personnages se découpent en ombre chinoise), sublimé par une partition en tout point exceptionnelle, CHEVAL DE GUERRE est le dernier grand film du maître où chaque scène respire le cinéma, le grand. C’est aussi, malgré tout, un film hors de notre temps qui revient à un certain classicisme cher aux cinéastes des 50s comme John Ford, modèle assumé de Steven Spielberg. 

14. READY PLAYER ONE (2018)

L’un des derniers grands blockbusters des années 2010, d’une pertinence absolue. La force visuelle de l’ensemble nous plonge littéralement dans cet univers de tous les possibles où la population oublie sa condition vitale pour devenir celle dont elle a envie. A l’instar de son personnage principal, le spectateur est scotché par cette remarquable réalité virtuelle qui devient une partie de nous. A tel point que le retour à la réalité est parfois brutale. Hallucinant dans son design global, l’OASIS est une merveille absolue, peut-être ce qu’on a vu de plus beau depuis AVATAR. La magie opère aux quatre coins de l’écran et on n’a pas le temps d’admirer la vue qu’une leçon de cinéma nous est servie sur un plateau : une course blindée de références à la pop culture, sans musique, foutraque en apparence mais totalement folle (et on pèse les mots) dans sa forme ! Jouissive, complètement barrée, indéniablement épique, cette séquence est proprement stupéfiante. 

13. MINORITY REPORT (2002)

Thriller futuriste impressionnant, MINORITY REPORT est lancé à un rythme d’enfer aidé par un Tom Cruise au sommet de son charisme. Sans oublier la géniale photo bleutée de Janusz Kaminski et un sous-texte sur le notion de liberté diablement efficace. Dans sa générosité probante, le cinéaste garde des passages un peu longs, des digressions qui parasitent parfois l’intrigue principale. A vouloir jouer sur plusieurs tableaux, le film souffre d’un certain éparpillement. Malgré tout, la force de ce récit résonne d’autant plus à notre époque où la surveillance accrue pourrait mener à une dérive similaire au système mis en place dans le film…

12. INDIANA JONES ET LA DERNIERE CROISADE (1989)

Après le premier volet, LA DERNIERE CROISADE est le meilleur film de la saga. Les raisons sont multiples. Il y a d’abord cette action complètement ininterrompue, cette course-poursuite dans le désert à bord d’un tank avec des chevaux, des voitures, des lance-roquettes qui dure plus de vingt minutes ! Une prouesse technique hallucinante qui laisse sur les rotules. Il y a cette scène osée et totalement folle où Hitler signe un autographe à Indiana. Lourde de sens, elle désacralise le fuhrer en un seul plan. Sans oublier la poursuite à Venise, l’ouverture où l’on voit Indiana jeune, l’humour omniprésent et surtout la relation père-fils entre Ford et Sean Connery. Ce dernier, totalement différent du premier, est vraiment génial dans ce rôle d’archéologue érudit mais pas aventurier pour un sou à la différence de son fils. Leurs conflits donnent lieu à des scènes très drôles. Impressionnant d’inventivité, détonnant visuellement, Spielberg signe un nouveau sommet du cinéma.

11. ARRETE-MOI SI TU PEUX (2002)

Leonardo DiCaprio – Tom Hanks – Steven Spielberg : les meilleurs éléments du cinéma contemporain réunis dans un excellent film, avec de nombreux faux-semblants et une course-poursuite qui va à l’encontre de sa définition primaire. Car le jeune Agbanale est un fugitif improvisé, le résultat d’un adultère maternel qui a mené inexorablement à un divorce de ses parents. Conscient de son charisme et de sa roublardise, le jeune homme va alors produire de faux-chèques et s’inventer une vie comme pour mieux oublier le quotidien qui l’oblige à choisir entre sa mère et son père. On s’attache très vite à ces personnages, tous très humains et perdus, interprétés avec justesse. Peut-être pas le film le plus cité dans la carrière du cinéaste, mais pourtant l’un des plus réussis. 

10. RENCONTRES DU TROISIEME TYPE (1977)

Un film qui aura inévitablement changé la face du cinéma de science-fiction. Toujours aussi beau aujourd’hui, RENCONTRES DU TROISIEME TYPE est une merveilleuse entrée dans cette idée séculaire que l’Homme n’est pas seul dans ce grand univers. Pétri d’un idéalisme auquel même Spielberg ne croit plus (ses derniers films sont plus pessimistes, les extra-terrestres s’étant transformés en exterminateurs dans LA GUERRE DES MONDES), ce long-métrage reste une parenthèse enchantée d’un cinéma qui n’existe plus. Populaire, intelligent, ne laissant jamais de côté ses personnages au détriment du spectaculaire. Et un emblème de la SF dont l’imagerie sera fortement reprise avec plus ou moins de savoir-faire…

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9. DUEL (1973)

Son premier film qui était juste destiné à être un…téléfilm ! L’histoire est simple : un camion poursuit un automobiliste. Tout sera dans la mise en scène. Démonstration technique terrassante d’un film qui se transforme lentement en un thriller étouffant. Ce monstre d’acier que représente le camion annonce déjà les grands mythes du maître comme le requin des DENTS DE LA MER ou le T-rex de JURASSIC PARK. 

8. LES AVENTURIERS DE L’ARCHE PERDUE (1981)

La création d’un mythe à une époque où Hollywood vivait son heure de gloire de l’entertainement. Harrison Ford au sommet de son charisme dans un rôle mythique. Un film quasi-parfait dans sa structure, représentant ce que le cinéma de divertissement inspire : de l’inventivité, des rebondissements constants, une imagerie iconique et impeccable, un héros fort. Indiana Jones est une légende du cinéma désormais, mais aucune de ses trois suites n’a vraiment réussi à être l’égal de l’original. Inclassable, imbattable.

7. L’EMPIRE DU SOLEIL (1987)

Là encore, difficile de trouver un défaut à ce film, poignant réquisitoire contre la guerre et ses conséquences, avec un jeune Christian Bale déjà au-dessus du lot. Un récit vu par un enfant qui résonne comme un apprentissage difficile de

la vie, le jeune garçon étant contraint de rester dans un camp de prisonnier. La scène dantesque d’une foule en délire où l’enfant perd sa mère, la guerre qui gronde (l’histoire se déroule à Shanghaï) et cette poésie visuelle présente à tout instant (notamment lors d’une merveilleuse séquence de chant) font de cet EMPIRE DU SOLEIL un condensé du cinéma spielbergien saisissant. Indispensable.

6. LA GUERRE DES MONDES (2005)

Spielberg est une représentation, voire une définition, de ce qu’est le cinéma de divertissement. Les histoires finissent souvent bien mais toujours avec une amertume consumée. LA GUERRE DE MONDES n’est pas tout ça. Il est sombre, représentatif d’un état d’esprit d’une Amérique post 11-septembre abattue, et se déchaîne dans une imagerie dantesque (les attaques des tripodes sont à couper le souffle), parfois traumatisante (le décor ensanglanté d’une humanité exterminée fait froid dans le dos). Mené à un rythme d’enfer, le film empile les séquences impressionnantes et inventives avant de plonger dans un chaos psychologique résumant à lui seul les thématiques de l’anéantissement auquel on vient d’assister. Avant un épilogue un poil expéditif dont Spielberg lui-même n’est pas pleinement satisfait (il dira d’ailleurs qu’il n’a jamais réussi à correctement terminer son film). Quoiqu’il en soit, LA GUERRE DES MONDES reste l’un des meilleurs films de notre époque. Rien que ça.

5. E.T, L’EXTRA-TERRESTRE (1982)

Faut-il encore rajouter quelque chose à l’un des plus grands films de tous les temps ? Immense inspiration pour des générations de réalisateurs, cette odyssée SF d’un extra-terrestre perdu sur Terre n’a pas pris une ride (encore moins dans sa superbe édition 4k qu’on ne saurait que trop vous conseiller) et reste encore aujourd’hui l’exemple même de ce que le cinéma de divertissement se doit d’offrir aux spectateurs. Et, au final, sa plus grande force ne se trouve-t-elle pas dans l’interprétation différente que l’on a du récit au fil des années qui passent ? 

4. LA LISTE DE SCHINDLER (1993)

La Shoah vue par Spielberg. Une oeuvre édifiante qui représente l’oeuvre totale sur le plus grand génocide de notre temps. Plus qu’un simple choc, LA LISTE DE SCHINDLER résonne comme le combat contre la barbarie et un hymne à l’humain terrassant. On en ressort les larmes aux yeux et des images plein la tête. Après ce morceau de bravoure émotionnel, Spielby ne sera plus tout-à-fait le même à l’instar de la critique presse à l’encontre d’un cinéaste trop longtemps incompris. 

3. LES DENTS DE LA MER (1975)

Tournage éprouvant, cauchemardesque. Ce film était fait pour détruire la carrière prometteuse de Steven Spielberg. Et puis, tout a tourné en sa faveur. Tout ce qui aurait pu être un obstacle fut une incontestable réussite, comme le requin qui fait de courtes et rares apparitions. A chaque vision, on essaie de trouver une erreur, une maladresse et à chaque fois on a la même réponse : il n’y en a pas. Prenant encore une autre ampleur avec la catastrophe sanitaire de 2020 (certains dirigeants ont ressemblé à s’y méprendre au maire de la ville), LES DENTS DE LA MER est bien un film inépuisable. 

2. JURASSIC PARK (1993)

Jamais égalé, d’une puissance monstrueuse, le plus grand hommage du cinéma à ces créatures disparues il y a des millions d’années, une révolution technologique qui changera à jamais le cinéma… JURASSIC PARK est une emblème, un culte qui ne se ternira jamais et qui se propage encore et toujours à travers les générations. Ses suites, plus faibles, rehaussent encore la meastria de cet opus originel. Regarder JURASSIC PARK, c’est ressentir, prendre un plaisir indéchiffrable lorsque le parc apparaît, s’émerveiller de l’attaque du T-Rex qui reste comme l’une des plus grandes séquences de toute la carrière de Spielberg, écouter avec attention les merveilleuses notes de John Williams… Un chef-d’oeuvre qui ne s’épuise pas.

1. IL FAUT SAUVER LE SOLDAT RYAN (1997)

Spielberg a fait ce film pour son père, pour rendre hommage aussi à tous ces

hommes qui se sont sacrifiés pour la liberté. La continuation de LA LISTE DE SCHINDLER mais sur un autre terrain, celui des armes. Un morceau de bravoure de trois heures, un Tom Hanks au sommet et la plus belle réalisation du maître. La séquence du débarquement est une leçon de cinéma, celle qui devrait être apprise dans toutes les écoles. Jamais un film de guerre n’avait à ce point bousculer son spectateur dès son ouverture. Un monstre tentaculaire, une leçon de vie, d’humanité, une histoire bouleversante, qui est la quintessence absolue de ce que le 7ème art peut offrir. Le sommet des sommets. ​

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